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« L’écosystème fintech profite actuellement d’une réelle effervescence »
Gaël Denis, Partner, Fintech Leader au sein d’EY Luxembourg, était l’invité de la rédaction d’ITnation.
July 1, 2019
Gaël Denis, Partner, Fintech Leader au sein d’EY Luxembourg, était l’invité de la rédaction d’ITnation. L’occasion d’évoquer le développement de l’écosystème fintech au Luxembourg, mais aussi les défis qui se profilent au-delà de la mise en œuvre de PSD2, ou encore la manière dont la place financière peut tirer profit des cryptomonnaies et de la blockchain.
Dans le domaine de la fintech, et plus particulièrement du paiement, comment l’écosystème luxembourgeois évolue-t-il ?
Luxembourg profite d’un momentum intéressant, avec d’une part un effet Brexit et, d’autre part, des réglementations favorables à l’émergence de nouveaux acteurs. L’arrivée sur la place financière de grands noms actifs dans le domaine du paiement, , crée une réelle effervescence. Aujourd’hui, on peut dire que Luxembourg est sur la carte, bien considéré par les grands acteurs du paiement comme un lieu à partir duquel on est capable d’opérer, où il est possible d’obtenir une licence, avec un régulateur à la fois sérieux et ouvert, un écosystème professionnel riche. C’est le résultat de plusieurs années d’efforts consentis pour développer un environnement propice au déploiement des activités dans le domaine du paiement, entre autres choses. La place a une histoire. Elle est reconnue pour sa qualité. Aujourd’hui, pour les acteurs désireux de se développer durablement au sein du marché européen, ces arguments comptent énormément.
Autre grand dossier du moment, comment PSD2 et le développement de l’open-banking vont-ils reconfigurer l’écosystème bancaire ?
C’est en effet le gros dossier. Et l’on n’a pas encore tout vu. Le mouvement qui a été entamé par les banques et les acteurs tiers consiste principalement en une démarche de mise en conformité. On ne parle pas encore beaucoup des enjeux stratégiques liés aux changements qu’induit la directive, à la transformation de l’offre globale de services et à l’exigence pour les différents acteurs de se repositionner au cœur de ce nouvel écosystème en devenir. Cela s’explique par le fait que l’horizon est encore flou pour beaucoup d’acteurs et qu’il est difficile de se projeter dans l’inconnu. Cependant, comme pour tout changement structurel majeur, à l’échelle d’une industrie, la transformation va être progressive. Je ne pense pas que l’on va assister à un changement brutal, même si tout peut aller assez vite. Pendant quelques années encore, plusieurs modèles vont coexister. Les banques, qui peuvent compter sur la confiance de leurs clients, vont appréhender ces enjeux petit à petit. Elles disposent de peu de temps pour engager une transformation bien pensée, en mobilisant comme il faut les moyens dont elles disposent pour mieux intégrer correctement les nouveaux services souhaités par leurs clients et rester connectées à leurs besoins.
Au-delà du paiement, sur quels autres domaines l’écosystème fintech luxembourgeois doit-il miser ?
L’écosytème luxembourgeois est très présent sur les enjeux de payment processing, de la regtech et dans le domaine des cryptomonnaies. On peut notamment s’attarder un peu sur cette dernière activité. Contrairement à certaines idées reçues, les crypto ne sont pas mortes, loin de là. Le volume d’échange, à l’heure actuelle, reste très important. Cependant, l’adoption des crypto pour la réalisation de paiements se fait attendre. Autour des technologies et des usages de la blockchain, le Luxembourg a plusieurs cartes à jouer.. Dans le domaine du custody, au niveau de l’industrie des fonds, il y a un gros potentiel de transformation que le Luxembourg ne doit pas négliger. Il s’agit en effet d’une fonction du back-office, qui représente une activité importante à l’échelle de la place financière. Il faut donc s’intéresser de près aux possibilités offertes par la technologie, être vigilant quant à l’agenda réglementaire en la matière. L’enjeu n’est pas d’être forcément un first mover mais bien un fast mover. Il faut être ouvert et à la pointe de la compréhension de la technologie et des possibilités qu’elle offre pour pouvoir saisir les opportunités au bon moment, tout en agissant de manière prudente. En restant dans son rôle, qui est notamment de protéger les investisseurs, le régulateur luxembourgeois a su démontrer son ouverture, qu’il place au service du développement de la place, de la confiance que l’on peut avoir en elle, depuis près de quarante ans.