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« La vraie révolution est plus technologique que règlementaire »

Depuis plusieurs mois, le débat autour du fameux article 41 anime les acteurs financiers et les prestataires IT luxembourgeois...

November 30, 2017

Gérard Hoffmann, président d’ICT Luxembourg

Depuis plusieurs mois, le débat autour du fameux article 41 anime les acteurs financiers et les prestataires IT luxembourgeois, en contact régulier avec le ministère des Finances. Le nouveau cadre législatif ouvre des possibilités d’externalisation qui n’existaient pas jusqu’alors. Pour peu que certaines conditions soient respectées, dont l’obtention du consentement du client, un acteur financier pourra confier le traitement de données dont il dispose à d’autres entités du groupe, ou à des acteurs tiers. La loi, qui devrait être votée d’ici la fin de l’année, assouplit considérablement les règles. –Article paru dans l’ITnation Mag Hiver 2017 

L’écosystème s’adapte

S’il y a un an encore, le projet de loi 7024, inquiétait au plus haut point l’ensemble des acteurs ICT luxembourgeois, ceux-ci semblent désormais avoir digéré l’enjeu. « Le cadre réglementaire ne fait que suivre l’évolution technologique, tempère Gérard Hoffmann, président d’ICT Luxembourg. Ce qui se passe dans le secteur de la FinTech, avec l’apparition de plateformes d’open-banking ou encore des développements importants autour de la blockchain, annonce l’ampleur du changement. La vraie révolution est technologique plus que réglementaire. »
Entre temps, un autre changement important est intervenu au printemps dernier avec la publication par la CSSF de sa très attendue circulaire cloud. Elle permet à des acteurs régulés, des professionnels du secteur financier, de recourir à des ressources cloud génériques, la CSSF ayant pris le soin de bien définir ce qui relevait du cloud à ses yeux. « On peut parler de changements significatifs, reconnait Denis Stoz, vice-président de Finance & Technology Luxembourg, association qui fédère les PSF de Support. L’écosystème luxembourgeois s’adapte à la réalité de l’IT en 2017- 2018. » En effet, quand les acteurs de la finance présents de par le monde pouvaient profiter de ressources largement mutualisées, les institutions financières au Luxembourg étaient encore contraintes de s’appuyer sur des ressources IT locales. « Cette particularité luxembourgeoise, pour un groupe international, empêchait l’harmonisation des pratiques opérationnelles. Ces institutions étaient obligées de répliquer une partie de leurs processus ici, avec des difficultés de maintenir une cohérence de groupe, poursuit Denis Stoz. Pour les entités luxembourgeoises, ces contraintes s’accompagnaient d’une réelle perte de compétitivité. » Et plus le Luxembourg tardait à ouvrir son cadre, plus les acteurs perdaient en compétitivité. « Il faudra encore préciser les modalités d’application de la nouvelle loi, notamment en matière d’obtention du consentement. Pour de nouveaux acteurs, désireux de s’établir ici, ces changements sont essentiels. Ces institutions ne seront tout simplement plus obligées d’investir dans des plateformes informatiques au Luxembourg, de supporter des coûts de structure locaux. Pour l’attractivité de la place financière, l’ouverture était nécessaire. »

Consentement et compétitivité

Denis Stoz, Vice-Président – Luxembourg Finance & Technology

A travers les discussions menées avec le ministère des Finances, les prestataires IT, PSF de Support, ont notamment veillé au respect de l’obtention du consentement du client relatif à l’utilisation de ses données. « Dans sa première version, le texte supprimait purement et simplement le secret professionnel à la discrétion des banques. Même si les modalités ne sont pas encore fixées, les acteurs historiques devront aller chercher ce consentement.
Ce qui ne sera pas forcément évident. Par contre, le nouveau cadre est plus intéressant pour les nouvelles institutions, dont les clients accepteront dès le début que leurs données soit traitées dans un environnement plus flexible », commente Gérard Hoffmann.

Enrichissement de l’offre

Si les dirigeants des institutions financières peuvent se féliciter de ces avancées, pour les professionnels de l’IT, ces adaptations redéfinissent en profondeur l’ensemble du secteur. « Il est difficile d’anticiper comment le marché de l’IT va s’adapter, mais l’on va plus que probablement assister à une phase de reconfiguration profonde de l’offre, qui devrait s’étaler sur les deux prochaines années », assure Denis Stoz.
Selon le vice-président de Finance & Technology Luxembourg, on peut émettre plusieurs hypothèses. « Les acteurs de niche offrant des solutions digitales end-to-end, servant directement la couche métier, pourront très certainement continuer à envisager leur avenir depuis le Luxembourg.
Dans ce nouvel environnement, considérant les nombreux autres atouts du pays, de nouveaux
acteurs de la FinTech, mais aussi d’autres domaines, pourraient volontiers envisager le Luxembourg pour asseoir leur développement », poursuit Denis Stoz. Plusieurs prestataires IT, cloud providers locaux, enrichissent aujourd’hui leur offre en facilitant l’installation d’acteurs de la FinTech au Luxembourg et en intégrant leurs solutions innovantes dans leur offre. D’autre part, les prestataires pouvant accompagner les sociétés sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’IT, principalement des grands acteurs internationaux, pourront continuer à le faire, en faisant profiter à leurs clients de belles économies d’échelle.

Se positionner en centre d’excellence

Dans le domaine du digital, le Luxembourg doit se positionner en centre d’excellence et d’innovation. « C’est la direction dans laquelle s’engage le pays, en prenant des risques calculés. Ces ambitions s’expriment aujourd’hui à travers l’action de la LHoFT, dans le domaine de la Fintech, ou à travers le programme SpaceRessources.lu, poursuit Denis Stoz. Dans la finance et en dehors, il y a un fourmillement d’innovation sous toutes ses formes. » Il faut que le Luxembourg permette à des acteurs innovants d’émerger et de se développer à l’international. Les prestataires IT, pour leur part, doivent pouvoir les accompagner dans la gestion de leurs ressources, dans l’acquisition de nouvelles compétences, dans l’agilité que requiert leur développement. Dans ce contexte, les prestataires ICT doivent aussi élargir leur scope, pour accompagner des sociétés dans d’autres secteurs que la finance.

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