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Les robots vont-ils prendre nos emplois ?
La plupart des métiers que l’on connaît aujourd’hui n’existeront plus demain. Les robots s’immiscent au cœur de nos entreprises, remplaçant des fonctions occupées par des hommes. Dans quel but ?
August 31, 2017
La plupart des métiers que l’on connaît aujourd’hui n’existeront plus demain. Les robots s’immiscent au cœur de nos entreprises, remplaçant des fonctions occupées par des hommes. Dans quel but ? Réduire les coûts, certainement, mais aussi libérer les ressources humaines d’actions répétitives et fastidieuses, pour leur permettre de mieux s’exprimer dans des tâches à haute valeur ajoutée.
Nous vivons une révolution sans précédent. Avec elle, c’est l’ensemble de la société qui doit entrer dans une nouvelle ère. Le changement, évidemment, inquiète. L’incertitude est latente. Mais la transformation digitale, cependant, n’attend pas. Un des sujets d’inquiétude a trait à l’évolution de la force de travail, entre la disparition de nombreux métiers et l’éventuelle création de nouveaux emplois. Les robots, car il s’agit bien d’eux dont on parle, peuvent aujourd’hui accomplir de nombreuses tâches assurées par des hommes et des femmes. Ils sont bien loin du robot fruit de notre imaginaire d’enfant. Ces robots s’incarnent dans des petits programmes, de plus en plus intelligents, capables de procéder à des transactions, de prendre des décisions rationnelles en s’appuyant sur des quantités toujours plus importantes de données. Si bien que beaucoup peuvent légitimement se demander comment, demain, les humains s’occuperont pour gagner leur vie.
Des emplois vont disparaître
Ces derniers mois, des études plus ou moins alarmistes ont tenté d’évaluer l’impact de la digitalisation sur nos emplois. La plus célèbre d’entre elles date de 2013. Menée par Frey et Osborne, deux chercheurs de l’Université d’Oxford, elle a établi qu’aux Etats-Unis un emploi sur deux (47%) serait menacé par la numérisation de l’économie. L’étude a eu un réel écho, que l’on peut sans doute attribuer à son caractère inquiétant. Depuis lors, ces résultats ont pu être affinés et relativisés. Les deux chercheurs considéraient comme menacé tout emploi dont 70% des tâches qui le composent pouvaient être automatisées. Une étude de l’OCDE, en considérant que l’automatisation d’une partie des tâches liées à un emploi ne conduisait pas forcément à sa suppression, mais bien à des adaptations, a permis de réduire le taux d’emplois menacés à « seulement » 9%.
Du mécanicien au banquier
A chaque méthode ses résultats, rassurants ou alarmistes. Peu importe, ces études ont le mérite de nous faire prendre conscience des enjeux de la digitalisation par rapport à l’emploi. Bien évidemment, la transformation digitale de nos sociétés fait qu’une partie du travail, aujourd’hui accomplie par des êtres humains, le sera par des robots demain. La tendance est déjà extrêmement perceptible au niveau de nombreux métiers courants. Prenons le métier de mécanicien et l’évolution de l’industrie automobile. L’intégration des éléments technologiques au cœur de nos voitures a déjà largement transformé la profession. Aujourd’hui, poser un diagnostic sur une panne ou un problème technique nécessite surtout de savoir utiliser un ordinateur, alors qu’hier des compétences mécaniques poussées, alliées à une solide expérience, étaient nécessaires. Demain, avec la généralisation attendue de la voiture électrique, l’industrie automobile devra compter sur d’autres compétences parce qu’un moteur électrique ne partage pas grand-chose avec le moteur à explosion aujourd’hui utilisé. En Europe, cette industrie automobile occupe des dizaines de milliers de personnes, qui voient leurs compétences rendues obsolètes par un changement de technologie. L’exemple de l’industrie automobile a le mérite d’être suffisamment explicite. La révolution technologique, cependant, concerne tous les secteurs d’activité, de la finance à l’industrie, en passant par les commerces.
Automatiser des processus
Dans chaque domaine, la technologie, et notamment des robots intelligents, permettent d’automatiser de nombreux processus. Une meilleure utilisation de la donnée, un partage plus efficient, permet d’éviter des encodages. Les robots, dès aujourd’hui, permettent de prendre des décisions de plus en plus complexes en prenant en considération un nombre croissant de variables. Ces fonctions d’encodage, aux tâches répétitives, fastidieuses et énergivores, sont amenées à disparaître. Pour assurer de telles tâches, les robots sont d’ailleurs beaucoup plus efficaces. Le recours aux algorithmes permet de se prémunir des inévitables erreurs humaines. Les machines ne connaissent pas de baisse de concentration. Elles peuvent analyser plus de variables, plus rapidement qu’un cerveau humain. Mieux, elles travaillent indépendamment de tout horaire, sans avoir spécialement besoin de temps de repos. Difficile de rivaliser.
Ce que les robots ne feront pas
Mais que vont devenir ceux qui avaient la responsabilité de ces tâches désormais automatisables ? Avant de répondre à cette question, il faut préciser que les robots sont aujourd’hui loin de pouvoir réaliser tout ce que peut faire un humain. Ces machines ne sont pas créatives, ne peuvent souvent résoudre un problème que dans un contexte très précis. En termes de créativité, les algorithmes déçoivent largement. Alors, oui, des emplois vont disparaître, mais c’est sans doute pour laisser l’intelligence humaine s’exprimer mieux par ailleurs.
Transition progressive et création d’emplois
Si la digitalisation détruit des emplois, elle en crée de nouveaux. Aujourd’hui, l’économie n’a jamais eu autant besoin de développeurs, d’architectes IT, de spécialistes de l’analyse des données. A l’horizon 2020, on parle de quelque 700 000 emplois dans le domaine du digital que l’on peinera à occuper, faute de compétences. On ne fait pas grand-chose de la technologie sans une intelligence humaine pour la mettre en œuvre. Enfin, il faut bien avoir conscience que la destruction de certaines fonctions, si elle est attendue, ne sera que progressive. Si l’on reprend l’exemple de l’automobile, il y a fort à parier que les moteurs électriques cohabiteront encore longtemps avec la mécanique tradition- nelle. La transition se fera progressivement et ce, dans tous les secteurs de l’économie.
Toutefois, les évolutions s’accélèrent. Face à ces changements, nous avons une responsabilité à exercer pour permettre une transition des compétences, pour donner des perspectives d’emploi à chacun dans une économie toujours plus digitale et pour développer les talents dont nous aurons besoin demain.
Par Sebastien Lambotte, paru dans le supplément Luxemburger Wort, mai 2017