Marc Aguilar, Chief Data Officer de BGL BNP Paribas

Le siège de BGL BNP Paribas accueillera le 27 avril prochain la deuxième édition du Luxembourg Analytics Summit, organisé par SAS. C’est l’occasion de revenir sur les enjeux qui occupent la banque en matière d’exploitation de la donnée, avec Marc Aguilar, Chief Data Officer de BGL BNP Paribas. – Par Sébastien Lambotte

Pouvez-vous nous expliquer ce qui vous a incité à accueillir un événement comme le Luxembourg Analytics Summit?

La donnée est au cœur de la transformation qui occupe les acteurs de l’économie, y compris la banque. Nous menons pour notre part une collaboration de recherche avec le SnT et le LIST autour des possibilités offertes par l’analytics. Accueillir des acteurs autour de ces enjeux nous intéresse vivement, car il y a beaucoup de chantiers à mener dans ce domaine. Il est essentiel pour des acteurs comme les banques, disposant de grandes quantités de données, de parvenir à mieux les exploiter afin de pouvoir en extraire des actions réfléchies et intentionnelles capables de faire évoluer le business. Par exemple, un des projets de recherche qui nous occupe a trait à la protection de nos clients. Nous visons ici une meilleure exploitation de la donnée à travers une approche BIG DATA centrée autour de l’identification comportementale, capable de mieux détecter la fraude et ceci en temps réel.

Au-delà de cet exemple concret qui vous occupe, quelles fins une meilleure exploitation de la donnée peut-elle servir ?

Les possibilités sont nombreuses. Je pense notamment à des projets devant servir l’efficacité opérationnelle des services. Un algorithme, en s’appuyant sur l’apprentissage automatique/statistique (« machine learning »), pourrait par exemple exécuter des opérations qui, jusque-là nécessitaient une validation humaine. Sur base d’une meilleure connaissance client, nous pourrions aussi proposer une expérience client améliorée. Ainsi peut-on par exemple éviter qu’un ordre permanent ne soit bloqué en cas de solde insuffisant du client, dès lors que l’on sait statistiquement que son compte va être réapprovisionné quelques jours plus tard, notamment lors du versement de son salaire. Si hier, les réponses IT étaient binaires, aujourd’hui on accède à une intelligence plus élaborée. La réponse apportée par « l’algorithmique », pour la validation d’une transaction ou l’octroi d’un crédit, entre autres exemples, sera rendue possible par la prise en compte d’une multitude de paramètres permettant une meilleure appréhension du risque en temps réel.

Quels sont les enjeux inhérents à la mise en œuvre de ces nouvelles approches à l’échelle de l’organisation ?

Les problématiques dues à la mise en œuvre d’innovations basées sur « l’analytics » ne sont pas que d’ordre technologique, elles concernent également la donnée elle-même et le degré de maturité d’une organisation vis-à-vis de ces enjeux: L’exploitation de la donnée est un processus transverse qui couvre une multitude d’acteurs avec des responsabilités bien différentes. Il faut aussi s’assurer que la donnée exploitée soit d’une qualité suffisante, sans quoi les résultats ne peuvent pas être au rendez-vous. Par ailleurs des considérations légales sont à prendre en compte. L’exploitation de la donnée se doit d’être claire et au service du client sans aller à l’encontre de ses considérations

GDPR, par exemple, exige que chaque traitement de la donnée soit légitimé, par une autorisation explicite du client. Comment appréhendez-vous ces aspects ?

A la base de notre métier, la protection de nos clients est au cœur de nos préoccupations. La transparence nous impose dès le départ d’expliquer ce que nous allons faire des données que nos clients nous confient. De même la protection de nos clients nous incite également à préciser ce que l’on ne fera jamais de leurs données.

Le client doit être libre d’autoriser ou non l’exploitation de ses données pour profiter de services supplémentaires. Si le client comprend l’usage qui est fait de ses données et surtout l’avantage qu’il peut en tirer, il n’y a pas de raison qu’il s’y oppose.

Quoiqu’il en soit, la relation de confiance entre le client et sa banque doit être sanctuarisée. Dans ce contexte les banques, en capitalisant sur leur expertise dans le domaine de la gestion des actifs, peuvent toutefois développer de nouveaux services innovants et personnalisés toujours plus adaptés  à la situation spécifique de leurs clients.

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