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La France en retard dans la révolution du numérique

Si la France dispose d’un terreau favorable pour devenir un pays leader du numérique, elle semble aujourd’hui traîner la patte dans plusieurs domaines. C’est ce qu’il ressort d’un rapport publié cette semaine par le cabinet de conseil en stratégie Roland Berger et Google France.

February 2, 2017

google_2015_logoSi la France dispose d’un terreau favorable pour devenir un pays leader du numérique, elle semble aujourd’hui traîner la patte dans plusieurs domaines. C’est ce qu’il ressort d’un rapport publié cette semaine par le cabinet de conseil en stratégie Roland Berger et Google France. Un rapport intéressant, qui permet au Luxembourg de se comparer à son voisin français.

Infrastructures télécoms de qualité, achats et ventes en ligne largement déployés, taux de pénétration d’Internet élevé,… la France s’est longtemps montrée dynamique dans le secteur du numérique. Mais selon une étude menée par Roland Berger et Google France, elle semble désormais prendre du retard, alors que de nombreux pays accélèrent le mouvement pour s’adapter à la numérisation de la société.

Pour dresser cet état des lieux du numérique, Roland Berger et Google France se sont appuyés sur une série d’indicateurs. « Au-delà des réussites évidentes de certaines initiatives et de la qualité de sous-jacents construits au cours des dernières décennies, cette étude indique de façon objective des domaines sur lesquels il est nécessaire d’agir. En particulier, elle permet d’identifier des urgences liées à l’éducation, aux infrastructures, à la numérisation des entreprises et de l’État, et à la création de futurs champions du numérique », expliquent les auteurs du rapport intitulé “Notre pays face à la nouvelle donne numérique”.

Des usages à développer

Si les Français sont adeptes de l’e-commerce et des plateformes de partage telles que BlaBlaCar et Airbnb, 11% d’entre eux n’ont jamais utilisé Internet. Dans les pays les plus avancés, à savoir le Danemark, les Pays-Bas et la Finlande, ils ne sont qu’entre 3 et 6%. Au Luxembourg, si l’on s’en tient à des données relatives aux années 2013 et 2014, environ 7% de la population n’a jamais utilisé Internet.

La fracture numérique existe donc encore en France, notamment auprès des seniors, et nécessite de mener des actions en faveur d’une meilleure inclusion. Les infrastructures doivent elles aussi être renforcées. Avec un taux de couverture inférieur à la moyenne européenne (78% contre 85,9%), la 4G doit continuer à être déployée dans l’ensemble du pays afin d’encourager l’utilisation du mobile. Pour le coup, on sait le Luxembourg extrêmement bien connecté.

 

Les entreprises à la traîne

Du côté des entreprises, le numérique et les possibilités qu’il offre en termes de relation client (site web, réseaux sociaux, vente en ligne) sont sous-utilisés, principalement au sein des PME. Le Luxembourg a aussi identifié des points d’effort à fournir au niveau des PME, dans le domaine de l’e-commerce notamment, histoire qu’elles profitent des opportunités créées par la société digitale.

De la même manière, dans les plus grandes structures, le Cloud n’est pas encore véritablement entré dans les mœurs. « Les entreprises se reposent sur les investissements dans les infrastructures et les solutions logicielles réalisées dans les années 1990/2000 et perdent aujourd’hui en efficacité et en agilité », précisent les auteurs.

Un manque de compétences

Ces pratiques numériques encore trop peu développées peuvent notamment s’expliquer par un manque de formation et de compétences dans le domaine, une pénurie constatée dans de nombreux pays et aussi au Luxembourg. Alors que le secteur numérique employait 850.000 personnes en 2015, 42% des entreprises françaises ont rencontré des difficultés pour recruter les profils recherchés. Et selon la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques), 50.000 emplois, dont quelque 20.000 de développeurs, ne sont actuellement pas pourvus dans le secteur.

Le numérique, une faible contribution au PIB

Au vu de cette situation, le numérique ne représente aujourd’hui que 5,5% du PIB de la France, quand des pays à la pointe tels que le Royaume-Uni et les États-Unis affichent respectivement un taux de 10 et 8%. Au Luxembourg, les derniers indicateurs connus établissaient que l’ICT représentait 7% du PIB. En France, ce poids économique limité s’explique notamment par l’absence de véritable leader mondial et par le faible investissement des entreprises privées dans le numérique. Le financement des start-up actives dans le domaine est en effet principalement porté par Bpifrance, la banque publique d’investissement.

Si la France possède donc les bases du numérique, elle se doit de les développer encore davantage pour poursuivre sa croissance numérique et économique.

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