Parce que les entreprises disposent rarement des connaissances adéquates pour bien réagir à une attaque cybercriminelle, et que cette lacune devrait s’accentuer, IBM entend placer l’intelligence artificielle de leur côté. Watson, demain, doit permettre aux équipes en charge de la sécurité de pouvoir réagir en connaissance de cause. Par Sébastien Lambotte

Une attaque cybercriminelle laisse toujours des traces. Aussi, tout système infecté, si l’on souhaite pouvoir tirer des leçons d’un incident, doit être considéré comme une scène de crime. C’est sur ces mots que Erno Doorenspleet, executive security advisor au sein d’IBM, a introduit sa présentation intitulée « outhink threats – cognition and the future of security » lors des dernières Rencontres de la Sécurité d’Excellium. « La difficulté que rencontrent souvent les personnes chargées de faire la lumière sur un incident à travers une investigation est que la scène a été contaminée. Tout simplement  parce que ceux qui interviennent, pensant pourtant bien faire, le font sans exactement savoir ce qu’ils font. »

20% des devices infectés

Dans un contexte où les experts en sécurité sont de plus en plus prisés, autrement dit toujours plus rares, alors que l’on s’attend à voir grandir le risque et la menace, IBM prône une nouvelle approche au service de la sécurité. « 44% des leaders en sécurité s’attendent à ce qu’un cloud provider majeur souffre d’une faille de sécurité dans le futur », précise Erno Doorenspleet, avant de mettre en lumière la difficulté pour chaque acteur de disposer de tous les outils et connaissances nécessaires pour mieux cerner la menace et bien réagir en cas d’incident. « Êtes-vous infectés ? Si l’on regarde le monde qui tourne autour de nous, avec une multiplication des devices connectés, on peut considérer que 20% des machines le sont. De nombreux responsables de la sécurité ou de l’IT constatent des choses bizarres sur leurs systèmes, sans forcément pouvoir les expliquer. Il faut donc que chacun accepte qu’il est vulnérable et que, face à une sophistication des attaques, il aura un jour besoin d’être aidé. »

Manque de connaissance

Mais, face à l’augmentation du risque et de la menace, sera-t-on demain en mesure d’envoyer des fins limiers sur toutes les scènes de crime ? « A l’horizon 2020, on estime à 1,5 millions les postes ouverts dans le domaine et pour lesquels on ne parviendra pas à trouver les compétences, commente l’executive security advisor d’IBM. Et même en se dotant des meilleurs outils, si l’on ne dispose pas des connaissances et des compétences adéquates dans le giron de l’entreprise, on ne va pas bien loin. »

Watson à la rescousse

Pour faire face à cette problématique pour le moins complexe, IBM investit dans un nouveau système devant permettre de renforcer une approche immunitaire de l’entreprise. Celle-ci s’appuiera sur l’intelligence artificielle et les capacités incroyables de Watson, pour analyser l’ensemble de la connaissance en lien avec les problématiques de sécurité, tant au niveau académique que dans le monde de l’entreprise. « Watson ouvre un nouveau champ de possibilités, en permettant de prendre en compte un nombre considérable de données, qu’elles soient directement générées par l’humain ou extraites de systèmes ou de croisement d’informations », précise Erno Doorenspleet, levant ainsi le voile sur le programme IBM Watson for cybersecurity. A moyen terme, dès lors, les acteurs de sécurité pourraient s’appuyer sur une base de connaissance unique et partagée, leur permettant de réagir ou d’intervenir en connaissance de cause. « Watson devrait les soutenir, en leur donnant le meilleur conseil au bon moment », assure Erno Doorenspleet.

Le programme IBM Watson for cybersecurity va entrer dans sa phase Beta. L’enrôlement de ses partenaires se clôture. Et Excellium est aujourd’hui heureux d’annoncer pouvoir y prendre part.