DIGITAL BUSINESS
Nyuko : un univers dédié à l’entrepreneuriat
Autant l’économie luxembourgeoise a besoin d’entrepreneurs dans le domaine du digital, autant les entrepreneurs doivent intégrer la technologie dans leur développement. Au sein de Nyuko, accélérateur d’entreprises, qui accompagne des créateurs de projet, on a conscience de ces enjeux. Immersion dans un univers dédié à l’entrepreneuriat, situé rue de Hollerich depuis plus d’un an.
June 20, 2016
Autant l’économie luxembourgeoise a besoin d’entrepreneurs dans le domaine du digital, autant les entrepreneurs doivent intégrer la technologie dans leur développement. Au sein de Nyuko, accélérateur d’entreprises, qui accompagne des créateurs de projet, on a conscience de ces enjeux. Immersion dans un univers dédié à l’entrepreneuriat, situé rue de Hollerich depuis plus d’un an.
Par Sébastien Lambotte pour le hors-série ITnation-Luxemburger Wort 2016
L’enseigne est relativement discrète, à quelques centaines de mètres de l’agitation de la gare. Une fois le sas passé, on se retrouve rapidement dans un environnement serein, ouvert, au cœur duquel quelques personnes échangent ou travaillent derrière leur ordinateur. Dans cet espace de coworking, quiconque peut venir travailler, un jour, ou plus régulièrement. Mais, au-delà de la mise à disposition d’un lieu de travail, Nyuko facilite les rencontres entre acteurs. A travers des programmes d’accompagnement, il soutient le développement de projets d’entreprise, de l’idée à l’expansion de l’activité, en passant par la rencontre des premiers clients.
“Ce qui a fait le succès des grands centres innovants, c’est la capacité donnée aux entrepreneurs de se planter facilement.”
S’adapter en intégrant le digital
« Si l’on ne se transforme pas, on se fait manger par d’autres »
C’est avec le CEO de Nyuko, Martin Guérin, que nous avons rendez-vous. Nous avons souhaité évoquer avec lui l’entrepreneuriat et, plus particulièrement, l’entrepreneuriat digital au Luxembourg. Le sujet lui parle, comme il résonne avec l’histoire de Nyuko. « Notre accélérateur a pour président Nicolas Buck, qui est issu d’une famille d’entrepreneurs, active dans l’imprimerie. Au premier chef, cette activité industrielle a été touchée par la pénétration du numérique dans nos vies. Aujourd’hui, tous les domaines d’activité doivent s’adapter, tant le digital transforme nos modèles, nos habitudes, nos rythmes de vie », commente Martin Guérin. Et, pour s’adapter, les entrepreneurs doivent adopter le digital, saisir les opportunités qu’il crée, suffisamment tôt. « Si l’on ne se transforme pas, on se fait manger par d’autres qui sont parvenus à mieux appréhender le changement et qui, aujourd’hui, ont gagné en compétitivité. »
Le numérique, un monde d’opportunités
« le digital a aboli les frontières »
Que l’on souhaite entreprendre dans le développement de solutions digitales ou que l’on se lance dans un domaine d’activité plus traditionnel, on ne peut plus passer à côté des opportunités offertes par le numérique. Nyuko, qui accompagne des entrepreneurs grâce à des programmes d’accélération, du coaching, un accès à un réseau ou à des possibilités de financement, en sait quelque chose. L’un des entrepreneurs accompagnés par l’équipe en place a développé une activité de vente d’équipement pour les apiculteurs. Quoi de plus traditionnel. « Grâce au digital, cependant, il a pu assez facilement adresser ses produits à un vaste marché. Aujourd’hui, s’il est bien conseillé, un petit acteur peut aller rivaliser avec des grands, en se positionnant rapidement leader de son marché. A ce niveau, le digital a aboli les frontières », poursuit Martin Guérin.
Développer son projet avec le client
« Notre volonté est d’aider nos entrepreneurs accompagnés à essayer de grandir, à s’étendre sur le marché ou à s’exporter à l’international »
Au Luxembourg, l’entrepreneuriat est loin de constituer la voie principale vers l’épanouissement professionnel. En cause, sans doute, un déséquilibre trop prononcé entre celui qui prend un risque et celui qui choisit de ne pas en prendre, en allant travailler dans le public ou dans le privé. Mais, surtout, une culture qui n’encourage pas la prise de risque ou encore des freins administratifs à la création d’une structure légale pour entreprendre. Nyuko entend, pour sa part, encourager celles et ceux qui ont choisi d’entreprendre.
« Et ce en plusieurs étapes, en leur permettant, d’abord, de mieux formaliser leur idée et d’évaluer son potentiel. Cet accompagnement est intrinsèquement lié à l’historique de Nyuko, qui a intégré le parcours 1, 2, 3 GO. Ce dernier aide les entrepreneurs à accoucher de leur premier business plan, poursuit Martin Guérin. L’enjeu, ensuite, est de passer du business plan au premier client. Aujourd’hui, en vue de limiter la prise de risque, le but est de réfléchir de manière plus proactive à la valeur produite au service du client, en partant de son besoin, en l’impliquant directement dans le développement de l’idée. »
Plutôt que de développer un produit ou un service puis de le proposer à une clientèle avec l’espoir qu’elle l’adopte, il est aujourd’hui plus recommandé de rapidement trouver le premier client, même si le concept n’est pas totalement abouti, pour le développer et l’affiner avec lui, en fonction de ses besoins. C’est ce que dans le jargon, on appelle « adopter une approche lean ». « Ensuite, notre volonté est d’aider nos entrepreneurs accompagnés à essayer de grandir, à s’étendre sur le marché ou à s’exporter à l’international », ajoute Martin Guérin.
“Si nous voulons attirer les bonnes idées ici, il faut permettre aux acteurs de développer plus facilement leurs activités”
Donner à chacun la possibilité de se tromper
Si l’entrepreneuriat est à la peine au Luxembourg (même si les choses bougent et qu’une dynamique nouvelle semble s’installer), aux yeux du nouveau CEO de Nyuko, c’est surtout parce que les barrières pour créer sa structure sont trop importantes. « Idéalement, il faudrait pouvoir devenir entrepreneur au fil de l’eau, précise Martin Guérin. Ce qui a fait le succès d’autres grands centres innovants, c’est la capacité donnée aux entrepreneurs de se planter facilement, sans forcément devoir engager leur survie économique. Or, mobiliser plusieurs milliers d’euros nécessaires à la création d’une SARL arrête de nombreuses personnes qui, pourtant, tenteraient bien une idée, la testeraient bien avec leurs clients. »
Dans d’autres juridictions, il est possible de créer sa structure en quelques minutes, sans devoir rassembler au préalable des sommes conséquentes. Depuis plusieurs années, on évoque au Luxembourg l’idée de créer une SARL simplifiée. Le projet de loi devant l’instituer a été adopté en ce début d’année par le Conseil de Gouvernement. Il est engagé sur la voie législative. Cette loi devra permettre à des acteurs de développer une activité au départ d’un euro. Le processus d’établissement se veut simplifié. Il faudra sans doute en constater les effets à long terme.
Attirer les bonnes idées au Luxembourg
Sur le sujet, le Luxembourg est en retard par rapport à d’autres juridictions. « Si nous voulons attirer les bonnes idées ici, il faut permettre aux acteurs de développer plus facilement leurs activités, assure le CEO de Nyuko. Le Luxembourg présente de nombreuses opportunités et avantages pour celui qui désire entreprendre. Le développement économique du pays dépendra des possibilités offertes aux entrepreneurs. Ce sont eux, aujourd’hui, qui portent l’innovation. Le développement de l’entrepreneuriat, au Luxembourg, sera endogène, en encourageant la jeunesse dans cette voie, ou exogène, en attirant des acteurs. » Pour cela, à l’image de Bert Boerman, un entrepreneur coworker à Nyuko, il faut oser sa chance.
« En 2011, en étant toujours employé dans une banque, j’ai lancé ma société, 2Gears, spécialisée dans le développement de solutions software répondant à certains besoins des acteurs de la finance. En 2014, j’ai quitté mon poste pour me consacrer entièrement à son développement », explique-t-il. Chez Nyuko, il a trouvé des relais, des soutiens, pour lui permettre de se développer très rapidement. « En étant ici, j’ai pu plus facilement établir des connexions, tout en profitant d’un environnement propice à l’entrepreneuriat. Cela nous a vraiment aidés », explique-t-il. 2Gears a notamment développé une solution baptisée Governance. io, permettant aux acteurs de l’industrie des fonds d’investissement d’améliorer la gouvernance de ceux-ci. « Notre défi, aujourd’hui, est de pouvoir mieux travailler avec nos clients, pour améliorer notre offre », explique-t-il. Bert est la preuve que le succès, avec une bonne approche, n’est pas inaccessible. Mais, pour l’atteindre, il faut commencer par concrétiser son idée.