Dimanche soir encore, Laurent Witz, producteur et Alexandre Espigares co-réalisateur, étaient à Hollywood et remportaient l’oscar du meilleur court métrage pour Mr Hublot. Film Fund Luxembourg et son directeur Guy Daleiden les a réuni hier pour revenir sur cette consécration autour de la fameuse statuette qui trônait au milieu des échanges.

Produit et réalisé au Grand Duché, Mr Hublot a offert un oscar à Laurent Witz, à Zeilt Productions et à l’équipe de 40 personnes qui ont travaillé sur ce court métrage. Finalement, c’est une véritable consécration pour tous, et le point de démarrage pour beaucoup d’autres choses. Cet oscar restera le symbole du savoir faire de l’équipe et offrira de la crédibilité au niveau international à Zeilt Productions.

Définitivement une production luxembourgo-française

Pas de débat chauvin à la table, le producteur, Laurent Witz est le détenteur majoritaire des sociétés qui ont financé le film : 73% par la société luxembourgeoise Zeilt Productions et 27% par la société française Watt Frame France (Lorraine) : une production luxembourgo-française. Réalisé en 2D et 3D pendant trois années de travail, l’inspiration fut apportée par le sculpteur belge Stéphane Halleux et ses personnages désormais célèbres.

Parmi les principes fondamentaux de Zeilt Productions, « une philosophie basée sur la confiance et les partenariats à long terme ». Ce qui devrait permettre de retrouver l’équipe pour un prochain projet. Surtout si Mr Hublot se transforme en long métrage (l’idée a été avouée sans autres précisions pour le moment).

Des supporters de la première heure

Film Fund, qui a soutenu le projet dès sa phase d’écriture a aussi accompagnée l’équipe dans sa stratégie de communication outre atlantique. « Françoise Lentz (promotion, public relations and General Affairs pour Film Fund) a beaucoup travaillé en amont avec moi depuis mon départ aux Etats-Unis le 12 janvier, explique Laurent Witz. Elle nous a aidé à défendre le film face aux 56 autres concurrents et face à « The Horse » porté par Disney que tout le monde avait vu là-bas. C’est le plus petit qui a gagné mais après beaucoup d’efforts, il fallait aller le chercher cet Oscar. » Au lieu d’un David terrassant Goliath, c’est plutôt une victoire d’un vrai travail d’équipe.

Mr Hublot permettra surement au Luxembourg d’avoir plus de reconnaissance dans le milieu cinématographique. « Au Luxembourg, ce sont 700 à 750 personnes qui vivent de ce secteur, complète Guy Daleiden. Zeilt est une jeune société (créée en 2007) mais nous en avons qui sont là depuis plus de 20 ans. Le secteur évolue et nous en sommes fières.» Désormais, la preuve n’est plus à faire que les talents se trouvent aussi en Grande-Région.

Mr Hublot sait se faire des amis

Pendant ce voyage, l’équipe a été invitée chez Dreamworks et bien d’autres studios. Avec ses 200 000 euros de budget et une équipe de 40 personnes, Mr Hublot est arrivé en réel challenger au pays des blockbusters. Pour les américains, la première réaction est de sourire, puis la curiosité et enfin, le bluff est complet. « Il y a eu beaucoup d’intérêt pour savoir comment on a fabriqué ce film, s’amuse Laurent Witz. Des personnes de Disney sont même venues nous dire spontanément que Mr Hublot était meilleur que « The Horse ». D’autres nous ont aussi demandé de rejoindre notre équipe et travailler pour nous ! C’est un rêve américains, on ne s’attendait pas à ça.»

Parmi les nombreuses ‘congratulations’, les votants ont aussi été touchés par la poésie du film et par le discours de remerciements. Signe indéniable que l’équipe a gagné son pari d’insuffler de la vie à ce petit personnage machine, combattre la forte technicité pour laisser la poésie intacte, autour d’une vraie histoire et pas seulement d’une démonstration de compétences.

Le Luxembourg n’a rien à envier à Hollywood

« C’est notre premier film en relief, la première fois que l’on vise autant de qualité. Il y a eu beaucoup de nouveautés, beaucoup d’inconnus et d’imprévus », termine Laurent Witz. Pour ce qui concerne les petites mains derrière ce projet, Alexandre Espigares termine sur ces mots à leurs égards : « j’ai déjà vu des personnes de talents en travaillant chez Lucas Films par exemple. Chez Zeilt, j’ai été bluffé par leur niveau et c’était très inspirant. Il n’y a pas besoin d’aller chercher du talent à Hollywood dans ces studios que nous avons visité, le Luxembourg en a plein. »

Zeilt productions a été créée avec comme spécialités : la production de programmes d’animation 3D pour le cinéma, la télévision, l’Internet, la téléphonie mobile et les jeux vidéos. Elle a pour ambition de « produire des programmes innovants, distrayants et enrichissants, puisant dans le savoir-faire et la créativité nationale et européenne. » Ses nouveaux fans suivront surement ses futurs projets, comme Wilfred par exemple. En attendant les autres, de tous ces projets, Mr Hublot lui apporte la reconnaissance internationale tant méritée. Par cette réalisation, le Luxembourg peut rayonner de talent et de créativité.

En photo : Laurent Witz et Guy Daleiden