DIGITAL SOLUTIONS

L’Etat luxembourgeois parmi les premiers utilisateurs de Clarence

Ce jeudi 23 janvier, le gouvernement luxembourgeois officialisait son partenariat avec Clarence, le cloud souverain déconnecté porté par LuxConnect et Proximus. L’Etat accède à une solution de stockage et à des services numériques avancés, notamment d’intelligence artificielle, tout en disposant de garanties fortes de protection des données qu’il gère.

January 28, 2025

Deux millions d’euros par an. C’est le montant que le Gouvernement de Luxembourg a décidé d’investir pendant cinq ans pour accéder aux services de Clarence, le cloud souverain déconnecté mis en œuvre par Lux Connect et Proximus. Celui-ci permet à l’Etat et à ses administrations d’accéder à des solutions technologiques avancées en disposant de toutes les garanties requises en matière de préservation de confidentialité des informations détenues.

Un partenariat unique en son genre

Ce jeudi, l’occasion de la signature d’un partenariat entre le gouvernement et Clarence, la ministre de la Digitalisation, Stéphanie Obertin, a notamment souligné le caractère pionnier de l’initiative. « L’État luxembourgeois signe aujourd’hui un partenariat unique en son genre en Europe, a-t-elle commenté. Après la première e-ambassade au monde, le Luxembourg fait une nouvelle fois figure de précurseur en créant les conditions nécessaires pour la sécurité des données et leur utilisation par les administrations pour des services publics au profit des citoyens et des entreprises. »

Un accès sécurisé aux technologies de Google

Clarence, contraction de « Clarity » et de « Transparence », a été construit sur la base des technologies de pointe de Google Cloud. Ce service « souverain », qui permet notamment d’accéder à des solutions d’intelligence artificielle avancée, offre un environnement dédié pour chacun de ses clients, entièrement déconnecté d’Internet et opéré de manière indépendante des fournisseurs étrangers de la technologie.

La promesse est la suivante : les données d’origine restent stockées à l’intérieur des frontières luxembourgeoise, protégées des intrusions externes. Et si elles doivent être exploitées d’une manière ou d’une autre, c’est dans le strict respect des règlements européens, comme GDPR ou encore NIS2 et DORA. Les fournisseurs de la technologie, en l’occurrence Google, n’y ont pas accès.

La voie est ouverte

À l’heure actuelle, le CTIE est l’unique service de l’Etat à avoir recours à Clarence dans le cadre de ce partenariat. Mais on imagine aisément l’opportunité que représente l’accès à ces technologies pour d’autres fonctions du secteur public comme la santé, la défense ou encore la justice. « C’est aux différents Ministères de décider quels usages ils souhaitent faire de ces technologies », a déclaré Gaston Schmit, premier conseiller du Gouvernement pour le Ministère de la Digitalisation, lors de la conférence de presse organisée ce jeudi 23 janvier et qui réunissait également autour de la table Stéphanie Obertin (ministre de la Digitalisation), Paul Konsbruck (CEO de Lux Connect), Gérard Hoffmann (CEO de Proximus), Patrick Houtsch (directeur du CTIE) et Pascal Rogiest (General manager de Clarence).

Reste à déterminer les besoins des différentes Administrations, qu’elles soient étatiques ou communales. Le gouvernement se prépare à la possibilité de jouer sur l’interopérabilité des données avec d’autres pays européens, toujours en accord avec le GDPR, et en gardant le contrôle sur les données d’origine.

Une gestion entièrement autonome ?

Dans le cas du présent partenariat, la gestion technique et opérationnelle du service est assurée par le CTIE. Celui-ci accompagne déjà, depuis 2016, les administrations dans la gestion des ressources informatiques au départ du GovCloud, hébergé dans des data centres dédiés. Avec Clarence, il profite désormais de la technologie ultra performante de Google, y compris des possibilités apportées par l’intelligence artificielle, tout en conservant la main mise sur les informations. La solution contribue aussi à renforcer, de manière flexible, les capacités de stockage et de traitement des données.

Google n’est donc pas directement aux commandes. Le géant américain agit en fournisseur de la technologie derrière Clarence. La plateforme cloud et ses services seront donc régulièrement mis à jour par Google, permettant aux utilisateurs d’accéder aux possibilités technologiques les plus avancées.

Mais qu’adviendrait-il si le partenariat établit entre Google et Clarence, âprement négocié, devait arriver à terme ? Quand il s’agit de souveraineté, la question n’est pas anodine. À ce sujet, le gouvernement se montre rassurant en certifiant que si les upgrades de Google devaient s’arrêter, rien ne changerait du jour au lendemain. La migration vers une autre solution serait alors envisagée.

La souveraineté numérique, un enjeu géopolitique

Pour le Luxembourg, non seulement ce partenariat ambitieux constitue une réponse pratique aux enjeux globaux de la gestion des données, mais il permet aussi à l’Etat de se positionner en pionnier en matière de transformation numérique. Depuis plusieurs années, le Luxembourg investit massivement dans les technologies de l’information, dans l’IA ou encore dans le renforcement des capacités de calcul, avec Meluxina, dans l’optique de garantir son autonomie numérique et de soutenir son développement. A travers ce nouveau partenariat, l’Etat montre l’exemple, veillant à assurer sa résilience ainsi que la préservation des données de ses citoyens dans un monde où les tensions géopolitiques, entre l’Union européenne et les Etats-Unis notamment, induisent de nouveaux risques.

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