En matière de connectivité mobile, comment les besoins du marché évoluent-ils ?

Les usages qui s’appuient sur la connectivité mobile ne cessent de croître. La technologie évolue rapidement et son utilisation requiert un réseau aux capacités toujours plus importantes. Aujourd’hui, on peut regarder un film en haute définition au départ d’une connexion mobile. On peut aussi assister à la multiplication des applications associées à des objets connectés, avec des échanges permanents de données par l’intermédiaire des réseaux mobiles. A l’avenir, le développement de la conduite autonome amènera d’autres besoins. On estime que, d’ici 2030, le trafic mobile devrait être multiplié par 5. Cela implique de faire évoluer les réseaux mais aussi de parvenir à gérer efficacement leur complexité croissante, cela en les rendant plus intelligents et plus autonomes. C’est sur ces sujets que nous travaillons actuellement au sein du LIST, avec l’objectif d’accompagner ces évolutions futures.

Votre équipe interviendra dans le cadre des Luxembourg Internet Days, lors du « Gemengen Dag »consacré au secteur communal, pour sensibiliser ses acteurs à ces sujets. Quels sont les défis auxquels les autorités communales sont confrontées ?

Les réponses à la demande croissante de capacité passeront par un renforcement des réseaux, avec une multiplication des antennes et le déploiement de solutions de nouvelle génération (6G). Actuellement, déployer une antenne prend beaucoup de temps, en raison du cadre réglementaire et des procédures. L’installation d’une antenne demeure aussi une source d’inquiétude pour les citoyens. Pour les communes, il s’agit d’accompagner le développement du réseau, en rendant notamment mieux compte des potentiellesincidences qui y sont associées, mais aussi des besoins des utilisateurs. Nous mettons en œuvre des modèles qui permettent de mieux évaluer les ondes électromagnétiques émises, mais aussi d’analyser les besoins des utilisateurs, afin de s’assurer que le réseau soit bien dimensionné. Il s’agit d’apporter une information claire, pour mettre en perspective les éléments et faciliter la prise de décision ainsi que l’intégration de nouvelles technologies au réseau. C’est notamment l’objectif du projet européen de recherche 6G-Twin, que nous présenterons lors des Luxembourg Internet Days. Au travers de ce jumeau numérique, nous dupliquons les éléments réels du réseau pour mieux analyser les possibilités de le faire évoluer et de soutenir la planification de son renforcement.

Comment faciliter le déploiement des réseaux à l’avenir ?

L’un des projets que nous menons, et que nous évoquerons au Luxembourg Internet Days, s’appelle OPTIWAVE et est financé par le FNR (Fond National de la Recherche). A travers lui, nous combinons plusieurs années de recherche pour développer une solution mature qui rende compte des expositions aux ondes électromagnétiques en fonction des technologies déployées. Il faut savoir que les nouvelles générations de réseau, à partir de la 5G, s’appuient sur des antennes actives, qui émettent des ondes en plus faible quantité uniquement quand le réseau est sollicité. Les générations précédentes étaient constituées d’antennes passives qui émettaient des ondes en continu. La volonté est de développer une plateforme qui intègre les divers modèles afin d’observer les ondes et rapporter leurs incidences. Cette plateforme doit aussi contribuer à l’accélération des procédures d’autorisation pour le déploiement d’antennes et permettre une gestion plus flexible du réseau.

Vous évoquiez les possibilités d’automatiser la gestion des réseaux, en les rendant plus autonomes, plus intelligents. Comment cela se traduit-il sur le terrain ?

L’automatisation et l’intelligence artificielle doivent en effet permettre d’optimiser en temps réel les capacités du réseau en fonction des besoins. Sur base des données récoltées, en s’appuyant sur le jumeaux numériques et les plateformes sur lesquelles nous travaillons, il est désormais possible de soutenir la mise en œuvre de réseaux complexes capables de s’adapter de manière dynamique et autonome, à la milliseconde près. Cela doit permettre de réduire les incidences environnementales mais aussi les besoins en énergie, tout en répondant aux attentes des utilisateurs. Les modèles doivent aussi permettre d’anticiper les besoins pour adapter le réseau.

Au-delà, nos projets de recherche s’orientent vers la sécurité des usages et des usagers, ou encore l’intégration des réseaux satellitaires au niveau de la connectivité mobile.