TRANSFORMATION & ORGANISATION

L’Intelligence Collective au service d’une démocratie durable

Et si la technologie permettait de rapprocher les citoyens de nos élus et dirigeants ? Et si les outils numériques offraient la possibilité à chacun de prendre une part active dans l’évolution de la société. À travers le projet Europe Technology & Collective Intelligence for Citizens (ETICC), un ensemble de citoyens engagés, attachés aux valeurs européennes, entend promouvoir une démocratie plus durable, en s’appuyant notamment sur la Civitech et la participation citoyenne.

July 30, 2024

Nous évoluons aujourd’hui au sein d’une démocratie représentative. Régulièrement, en tant que citoyens, nous sommes invités à élire ceux qui se proposent de nous représenter le temps d’une législature ou d’une mandature. Entre deux élections, toutefois, les possibilités offertes à chacun de se prononcer sur un enjeu ou l’autre demeurent rares. « Or, nous sommes convaincus que la représentation n’exclut pas la participation. Au contraire, les deux démarches sont complémentaires et doivent aujourd’hui contribuer à une approche démocratique plus durable », commente Sana Hadzic-Babacic, co-fondatrice du mouvement Europe Technology & Collective Intelligence for Citizens (ETICC).

Recréer du lien

En 2017, alors que l’Europe faisait face à divers mouvements de défiance, parmi lesquels le Brexit, plusieurs citoyens luxembourgeois se sont rassemblés afin de réfléchir ensemble aux moyens à mettre en œuvre pour défendre les valeurs démocratiques. La volonté était notamment de soutenir des approches qui permettraient à la société civile de jouer un rôle plus actif dans la prise de décision. « Face à la montée des populismes, à la perte de confiance des citoyens envers nos institutions, il nous est apparu important de recréer du lien, de permettre à chacun de s’impliquer davantage dans les prises de décision qui les concernent, poursuit Sana Hadzic-Babacic. C’est au départ de ce constat que nous avons créé ETICC en 2019 et mis en place, en 2022, le premier European Technology Forum 4 Sustainable Democracy. »

Si l’enjeu est bien de renforcer le potentiel des initiatives citoyennes, de créer des espaces publics d’échange et de partage, de soutenir la co-création et la collaboration afin de permettre à des idées ou des projets collectifs d’émerger, il faut aussi se doter d’outils pour soutenir la démarche. « Dans cette optique, la volonté est de promouvoir la CivicTech, autrement dit la mise en place de plateformes technologiques inclusives, offrant la possibilité aux citoyens de prendre une part active au processus démocratique, commente Arnaud Lumet, co-fondateur d’ETICC. Ces outils sont encore trop rares au Luxembourg, alors qu’ils jouent un rôle de plus en plus déterminant dans d’autres régions d’Europe. »

Promouvoir la CivicTech sous toutes ses formes

C’est souvent au niveau des villes et des communes que des initiatives sont prises autour de plateformes CivicTech. On voit des administrations mettre en place des budgets participatifs, invitant les citoyens à soumettre une idée ou un projet qui, s’il reçoit l’assentiment de la communauté, pourra être financé. Plus généralement, ces plateformes peuvent être utilisées afin de consulter les citoyens, demander leur avis sur un projet particulier.

Au niveau du gouvernement luxembourgeois, le projet GovTechLab s’inscrit dans cette dynamique. Le GovTech Lab a recours à l’innovation ouverte. Via notamment des appels à solutions, les dirigeants souhaitent mettre en place des dynamiques de travail rassemblant des acteurs internes et externes afin de soutenir le développement de nouvelles technologies pour l’Etat.

Des initiatives peuvent aussi directement émaner des citoyens, à l’exemple de Serve the City, une plateforme qui cherche à rassembler des volontaires pour mener des actions citoyennes au sein de la capitale, comme des campagnes de ramassage de déchets ou d’aide aux plus démunis.

S’appuyer sur l’intelligence collective

« Notre démarche, en travaillant avec les élus ainsi qu’avec les forces vives académiques, comme l’Université, est de contribuer à la mise en place d’écosystèmes innovants impliquant les citoyens. La volonté est de s’appuyer sur les idées qui peuvent émaner du collectif, de co-créer avec la population », poursuit Arnaud Lumet. « Soutenir la participation, inviter les citoyens à exprimer un avis ou à prendre des initiatives contribuent à les responsabiliser, poursuit Sana Hadzic-Babacic. Développer des espaces de rencontre, avec des outils favorisant le dialogue, est un levier essentiel pour atténuer cette dichotomie, aujourd’hui installée, entre les élus et ceux qui les élisent. De cette manière, la volonté est de réconcilier les citoyens, les institutions publiques et les acteurs privés. »

Concevoir de nouveaux modèles de citoyenneté active, cependant, n’est pas forcément aisé. La démarche implique de chercher à mobiliser l’ensemble des parties prenantes de la société. « À ce titre, il faut garantir à chacun son droit de s’exprimer, de se rassembler, de collaborer et de prendre des initiatives, assure Arnaud Lumet. D’autre part, cette approche bottom up implique aussi un sponsorship sérieux des élus, qui doivent garantir une écoute, un suivi des avis émis par la collectivité. »

La confiance, clé de voûte d’une démocratie durable

Solliciter le citoyen, consulter la collectivité pour au final prendre des décisions qui ne tiennent pas compte des souhaits exprimés est de nature à détériorer la confiance qui est au fondement de nos démocraties. « Or, nous avons tous intérêt à promouvoir une démocratie durable. Le premier enjeu, pour la maintenir, est de renforcer la confiance entre l’ensemble des parties prenantes. Cela implique que chacune respecte l’autre et s’inscrive dans une démarche constructive », assure Arnaud Lumet.

Si ce sujet vous intéresse et que vous souhaitez contribuer à cette démarche constructive, au service d’une démocratie durable, n’hésitez pas à entrer en contact avec les responsables d’ETICC via leur site Internet : eticc.org

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