Le Luxembourg digital est en marche !
Xavier Bettel, Premier Ministre et Ministre des Communications et des Médias, et Claude Meisch, Ministre de l’Education, évoquent la manière dont le Gouvernement entend tranformer le Luxembourg, pour en faire une « Nation Digitale ».
June 29, 2015
Xavier Bettel, Premier Ministre et Ministre des Communications et des Médias, et Claude Meisch, Ministre de l’Education, évoquent la manière dont le Gouvernement entend tranformer le Luxembourg, pour en faire une « Nation Digitale ».
Par Sébastien Lambotte pour l’édition spéciale ITnation/Wort
A l’automne dernier, le Gouvernement a présenté une stratégie digitale pour le Luxembourg. Pouvez-vous nous en rappeler les grands enjeux?
Xavier Bettel : Le Luxembourg a connu depuis une dizaine d’années un coup d’accélérateur important dans le domaine ICT, que ce soit au niveau des infrastructures de télécommunications ou dans les secteurs du commerce électronique, des contenus numériques, du Cloud Computing ou encore des paiements électroniques. Il s’agit désormais de passer à l’étape suivante : consolider à terme la position du pays dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (ICT) et positionner le Grand-Duché en tant que réelle ‘Smart Nation’. Voilà pourquoi ‘Digital Lëtzebuerg’ englobe des sujets aussi divers que la simplification administrative, les compétences numériques, l’innovation, le développement de nouvelles niches de compétences et d’opportunités économiques telles que les FinTech, les BioTech, les industries créatives…
En quoi la mise en œuvre d’une stratégie digitale est-elle indis- pensable, tant pour l’économie luxembourgeoise que pour les autres pans de la société?
Xavier Bettel : Aujourd’hui, le digital est omniprésent et affecte chaque domaine socio-économique du pays. Le numérique modifie la manière avec laquelle nous communiquons, nous informons, nous soignons, enseignons ou en- core envisageons la participation démocratique pour la vie en société à l’avenir. Il est donc indispensable que nous adop-
tions un ‘réflexe digital’ dans l’élaboration de nos différentes politiques.
Où en est-on, aujourd’hui, dans la mise en place de cette stratégie?
Xavier Bettel : La première étape a consisté à réaliser un inventaire de nos points forts et des défis qui nous at- tendent. Suite à cela, dans une étroite collaboration entre le secteur public et le secteur privé, six groupes de travail thématiques ont été mis en place. Leur travail porte sur le développement des infrastructures de télécommunications, le soutien à l’in- novation et l’accès au financement pour les start-ups, l’innovation dans les services au secteur financier (« FinTech »), les compétences numériques (« eSkills »), l’administration électronique et la promotion des atouts du Luxembourg à l’étranger.
A l’heure actuelle, les travaux avancent bien. Le développe- ment des réseaux à ultra-haut débit progresse comme prévu. Le réseau Wi-Fi gratuit sera disponible à Luxembourg début juillet. Au niveau du dé- veloppement des compétences numériques, le Ministre Meisch vient de présenter toute une série d’actions précises dans le cadre de la stratégie Digital (4) Education. Le domaine des FinTech, quant à lui, est également en effervescence et connaît une dynamique extrêmement positive de mobilisation des acteurs.Etc.
Digital Lëtzebuerg est un processus qui s’inscrit dans le long terme. C’est tout un ensemble d’initiatives comme celles que je viens d’évoquer, mais aussi d’autres moins visibles, comme certaines adaptations législatives, qui peuvent avoir d’importantes conséquences.
« L’Etat doit montrer l’exemple »
De nombreux acteurs réclament notamment la création d’une école de programmation ou encore d’un ou plusieurs troisièmes cycles universitaires dans les domaines technologiques et informatiques. Quelle est votre position par rapport à ces idées ?
Xavier Bettel : Comme le Gouvernement précédent, nous misons fort sur le développement de nos centres de Recherche et de notre Université, et notamment de ses entités comme le SnT, spécialisé dans sécurité et la confiance numérique, ou le Luxembourg Center for Systems Biomedicine, dans les biotechnologies.
Cela dit, il y a une demande réelle pour de nouveaux mo- dèles de formation, moins académiques, plus pragmatiques, plus proches des entreprises, plus rapides aussi. Au niveau du Gouvernement, nous étudions de près ces différents mo- dèles, comme l’illustre par exemple la visite du Ministre du Travail à l’Ecole 42 à Paris. Il s’agit de voir quelles formules pourraient se décliner au mieux pour le Luxembourg.
Au-delà des compétences digitales, comment favoriser l’entrepreneuriat au Luxembourg ?
Xavier Bettel : Les entrepreneurs jouent un rôle moteur pour la croissance économique et la création d’emplois. Plus encore, il faut développer l’esprit d’entreprise au Luxembourg. Les entrepreneurs ont besoin de plusieurs choses : de matière grise, de talents, d’accès à du financement. Nous travaillons à cela à travers Digital Lëtzebuerg. Nous avons aussi lancé un projet de loi sur la société à responsabilité limitée simplifiée au capital d’un euro, qui permettra de se lancer plus facilement dans l’entrepreneuriat.
Claude Meisch : Pour promouvoir l’intérêt des jeunes pour les outils technologiques et l’esprit d’entreprise, l’Éducation Nationale entend mettre en place, dès 2015-2016, des
« Maker-Space », espaces de création où les jeunes pourront mettre au point leurs propres outils numériques. A travers les activités qui y seront proposées, les jeunes pourront découvrir, stimuler ou renforcer leurs talents.
L’administration peut-elle être un moteur du changement ? Si oui, comment? (eGovernment).
Xavier Bettel : La simplification administrative et l’administration électronique représentent un volet très important de Digital Lëtzebuerg. Le Gouvernement devrait montrer l’exemple en modernisant ses propres procédures. Voilà pourquoi il s’est donné pour objectif d’accélérer la digitali- sation des démarches administratives, afin de permettre aux citoyens de tirer pleinement profit des applications en ligne.
Transformer l’école pour faire émerger les compétences de demain
Comment le système éducatif doit-il se transformer et intégrer les opportunités offertes par le digital ?
Claude Meisch : Le système éducatif est effectivement confronté à de profonds changements liés à l’évolution numérique. Ces changements ne concernent pas seulement l’accès des élèves aux savoirs, mais aussi les méthodes d’apprentissage, la relation entre les enseignants et les élèves, etc. Le numérique à l’école et dans le monde périscolaire est un défi, mais également une chance. Il permet par exemple de diversifier et de rendre plus attractives les stratégies d’enseignement et d’apprentissage. Il faut que nous ancrions les opportunités offertes par le numérique dans les programmes scolaires et dans la pratique pédagogique quotidienne. Pour cette raison, un objectif prioritaire de la stratégie Digital (4) Education sera de promouvoir des projets pédagogiques innovants liés au numérique dans les écoles fondamentales et secondaires.
Pouvez-vous nous rappeler les grandes lignes et enjeux qui sous-tendent Digital (4) Education ?
Claude Meisch : Le plus grand défi consiste à préparer les jeunes à un environnement professionnel et privé de plus en plus complexe, marqué par l’omniprésence du numérique et l’incertitude générée par un avenir inconnu. Comment développer des connaissances et des compétences pour les emplois de demain, dans des secteurs à peine émergents ou en pleine évolution ? Outre les compétences numériques proprement dites, les jeunes devront avant tout être capables de s’adapter à l’accélération du changement. Pour cela, des compétences en matière de communication, de collaboration, de créativité etc. leur sont indispensables.
L’utilisation du numérique à l’école est également un important facteur de réduction des inégalités. Les outils technologiques rendent les jeunes plus autonomes dans leur accès aux savoirs. Ils garantissent le même accès à tous les élèves, indépendamment de leur origine sociale, à des informations et ressources pédagogiques de qualité. Un autre enjeu réside dans la formation de futurs spécialistes dans les TIC et la promotion de l’entrepreneuriat dans ce secteur.
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