« The Sky(pe) is the limit » pour Microsoft ?
Par Rod Ullens, CEO et fondateur de Voxbone Voxbone est […]
May 12, 2011
Par Rod Ullens, CEO et fondateur de Voxbone
Voxbone est un fournisseur belge en pleine croissance de services de téléphonie IP innovants, qui compte 600 clients importants dans le monde entier, parmi lesquels Skype.
Le secteur financier, technologique et le reste du monde n’en ont pour le moment que pour la reprise de Skype par Microsoft, qui a fait sensation. Beaucoup de gens pensent que le prix d’acquisition de 8,5 milliards de dollars (ou 5,9 milliards d’euros) est trop élevé pour une entreprise qui n’a jamais dégagé un centime de bénéfice jusqu’ici et dont la valeur était estimée par les analystes à 4 milliards de dollars maximum.
Il va toutefois de soi qu’une entreprise saine et un stratège aussi doué que Microsoft sait exactement ce qu’il fait et, surtout, ce qu’il vise. Non seulement le géant de Redmond évite ainsi que Skype ne devienne une arme puissante entre les mains d’un de ses principaux concurrents – Google – qui était lui aussi intéressé par l’acquisition, mais les services de Skype sont aussi exactement ce dont l’ogre technologique a besoin pour s’attaquer à un secteur de marché à fort potentiel, donner un coup de fouet à son département mobile languissant et répondre à la tendance des « Communications Unifiées ».
Avec cette reprise apparemment audacieuse, Microsoft ouvre donc un nouveau marché, celui des services de télécommunications. Il va de soi que cela représente, pour le fabricant de logiciels, une source potentielle importante de nouveaux revenus. Les services VoIP innovants de Skype ont, en outre, l’avantage de compléter efficacement l’offre existante du géant de l’ICT. Microsoft pourra mieux intégrer Skype à ses systèmes d’exploitation Windows pour des appareils fixes ou mobiles ainsi qu’à des applications logicielles telles qu’Outlook afin d’apporter une forte valeur ajoutée à l’expérience utilisateur.
Skype a, par ailleurs, la possibilité de combiner des numéros de téléphone fixe à son service. Dans un avenir très proche, on prévoit qu’il proposera à ses clients de porter leurs numéros existants depuis des réseaux fixes tels que Belgacom vers le service de Skype. Il promet ainsi de devenir un concurrent sérieux pour les opérateurs de télécommunications traditionnels. Microsoft pourrait enfin intégrer Skype à Microsoft Lync – son IP PBX ou centrale téléphonique pour entreprises, de plus en plus populaire – afin de créer un service téléphonique complet pour les entreprises passant par l’Internet câblé.
Et s’il parvenait en plus à intégrer Windows Mobile à Microsoft Lync et Skype, il aurait un argument de vente unique sur le marché des smartphones professionnels. Un atout non négligeable car Microsoft Mobile dispose d’une part de marché de moins de 5 % sur la vente globale de smartphones, qui est largement dépassée par BlackBerry sur le segment professionnel, ainsi que Google et Apple chez les particuliers.*
En résumé, Microsoft a les moyens financiers, l’expertise technologique et la vision commerciale pour profiter complètement des capacités inhérentes de Skype. Soyons honnêtes : Skype est une marque forte comptant des millions d’utilisateurs sur le marché en plein développement du VoIP et n’a, selon l’avis de tous, besoin que d’un « coup de pouce » pour se transformer en mine d’or.
* Notons toutefois qu’un mariage réussi entre Skype et Windows Mobile ne suffira pas à Microsoft pour récupérer cette part de marché. Microsoft n’a toujours pas de réponse à apporter aux points de vente d’applications couronnés de succès de Google et d’Apple. En outre, pour chaque système d’exploitation mobile, il y a d’innombrables applications – telles que Rebtel, Jajah et Nimbuzz – qui permettent d’appeler bon marché, et Google propose son service Google Voice via le système d’exploitation Android.