Etablir une offre de formation adaptée

Un nouveau centre de compétences e-Skills est à l’étude au Luxembourg. Cette initiative émane de la Fédération des Intégrateurs, en coopération avec la Fédération des Artisans, et avec le soutien du Ministère de l’Économie, du Service des Communications et des Médias, du Ministère d’État et d’ICT Luxembourg. Pol Goetzinger, dirigeant d’Exxus, est chargé, avec Marc Ant, professeur d’université et administrateur-délégué des Centres de Compétence de l’Artisanat, de mener cette étude. Il évoque les enjeux d’une meilleure structuration de l’offre et de la demande au niveau des e-Skills, pour donner de meilleures perspectives à chacun.

December 10, 2015

Un nouveau centre de compétences e-Skills est à l’étude au Luxembourg. Cette initiative émane de la Fédération des Intégrateurs, en coopération avec la Fédération des Artisans, et avec le soutien du Ministère de l’Économie, du Service des Communications et des Médias, du Ministère d’État et d’ICT Luxembourg. Pol Goetzinger, dirigeant d’Exxus, est chargé, avec Marc Ant, professeur d’université et administrateur-délégué des Centres de Compétence de l’Artisanat, de mener cette étude. Il évoque les enjeux d’une meilleure structuration de l’offre et de la demande au niveau des e-Skills, pour donner de meilleures perspectives à chacun.

Par Sébastien Lambotte pour l’édition ITnation Mag Octobre 2015

« Les acteurs luxembourgeois sont conscients de l’exigence de s’adapter pour préserver leur compétitivité. »

La plupart des acteurs du secteur ICT au Luxembourg, mais plus généralement en Europe, le répètent inlassablement : nous manquons de compétences pour répondre aux enjeux de transformation digitale qui se présentent, pour renforcer durablement la compétitivité de notre économie et l’employabilité des salariés. Comment remédier à cette problématique ? Et si, à l’instar d’autres secteurs d’activité, on commençait par mieux structurer les besoins en compétences afin de pouvoir y remédier par une offre en formation adaptée. C’est la réponse envisagée par la Fédération des Intégrateurs en Télécommunication, Informatique, Multimédia et Sécurité (FDI). Inscrite au sein de la Fédération des Artisans, c’est sans doute la plus concernée par l’impact des NTIC. Avec le soutien du Ministère de l’Économie, du Service des Communications et des Médias du Ministère d’État et d’ICT Luxembourg, elle étudie la possibilité de mettre en œuvre cette approche à travers un nouveau centre de compétences.

Disposer des bonnes compétences

« Les évolutions technologiques impactent l’ensemble des activités économiques. Les acteurs luxembourgeois sont aujourd’hui conscients de l’exigence de s’adapter, d’appréhender les tendances, pour préserver leur compétitivité. Sont concernés les acteurs de la sphère ICT, mais aussi beaucoup d’autres, comme les techniciens et intégrateurs et les gestionnaires d’infrastructures. Ils voient les objets connectés, la domotique, les opportunités créées par le Cloud ou encore la Data Analytics intégrer leur métier et rendre plus smart la vie quotidienne de leurs clients, explique Pol Goetzinger, gérant d’Exxus, société qui a pour mission d’étudier l’opportunité de concrétiser un centre de compétences ICT au Luxembourg. Personne ne peut ignorer l’impact du digital. Tout le monde doit évoluer pour préserver sa compétitivité. Pour y arriver, il faut disposer des bonnes compétences. »

S’inspirer d’autres exemples

Au Luxembourg, de tels centres de compétences ont récemment vu le jour à la demande de la Fédération des Artisans, notamment dans les domaines du Parachèvement et du Génie Technique du Bâtiment. Au sein du secteur de la construction aussi, un travail conséquent a été entrepris pour mieux répondre aux besoins en compétences actuels et à venir avec la création d’un premier centre de compétences, CDEC avec ses entités IFSB et Neobuild et le programme, en coopération avec l’ADEM, Fit for Green Jobs. « Le projet actuellement à l’étude s’inscrit dans le contexte de la stratégie Digital Lëtzebuerg et plus particulièrement de sa branche e-Skills et de sa sous-branche développement des compétences au Luxembourg », précise Pol Goetzinger avant de détailler l’approche envisagée.

« L’idée n’est pas de créer une nouvelle offre, mais de mieux structurer l’offre existante. »

Structurer la demande et l’offre

Ce futur centre de compétences s’organiserait autour de trois axes. Le premier, et le principal, étant la formation professionnelle continue. « L’idée n’est pas de créer une nouvelle offre, mais de mieux structurer l’offre existante », précise Pol Goetzinger. À l’heure actuelle, en effet, beaucoup d’entreprises sont perdues face à la pléthore de formations qui se présente à elles, le plus souvent parce qu’elles n’ont pas suffisamment bien identifié leurs besoins. « Un des premiers enjeux est de pouvoir mieux structurer les besoins en compétences et en qualifications par métier et par niveau, selon le Cadre Européen des Certifications (CEC), précise Pol Goetzinger.

Pour chaque métier et fonction, il est nécessaire de déterminer les qualifications requises aujourd’hui et celles qui le seront demain, tant au niveau technique métier que du savoir-faire et du savoir-être. » Une fois ces informations connues, à partir d’un assessment des collaborateurs, chaque acteur pourra plus facilement déterminer les lacunes à combler par la formation, mais aussi donner de nouvelles perspectives d’évolution de carrière à ses collaborateurs en fonction des défis à relever. « Une bonne structuration des métiers liée à la base de compétences qu’ils requièrent permettra d’y adjoindre une offre en formation adaptée », explique Pol Goetzinger. L’idée, à partir de cette meilleure identification des besoins, est de les mettre en relation avec l’offre de formation existante.

Adapter la structure aux évolutions

Le deuxième axe du centre de compétences e-Skills tel qu’il est imaginé aujourd’hui réside dans une veille technologique de l’innovation et de la régulation. « Cet axe est le moteur d’adaptation du système évoqué, du cadre de compétences utiles à la préservation de compétitivité de chaque entreprise et des divers métiers qu’elle comprend, précise le CEO d’Exxus. En analysant les grandes tendances, les évolutions liées à l’utilisation de la technologie, l’impact qu’elles auront sur l’activité des entreprises mais aussi sur les métiers, il sera alors possible d’anticiper les besoins. »

Enfin, le troisième axe relève de l’impulsion sociale, en collaboration avec l’ADEM. « Actuellement, 1.000 jobs sont à pourvoir annuellement au Luxembourg dans le domaine de l’ICT. Si on y ajoute les niveaux de compétences de base, tels que définis par le cadre européen de certifications, notamment dans l’artisanat, on peut encore inclure plusieurs centaines d’autres emplois que l’on pourrait pourvoir en travaillant sur le développement des compétences des demandeurs d’emploi. »

Moteur d’innovation

Aujourd’hui, l’outil permettant de mieux comprendre les besoins actuels et à venir au niveau des métiers impactés par le digital, soit la plupart des activités, est indispensable. Peu de pays en Europe parviennent à développer une approche structurée comme celle envisagée au- jourd’hui au Luxembourg. « Nous ne partons pas d’une feuille blanche, puisque cette méthodologie a déjà été appliquée dans d’autres domaines et a produit des résultats prometteurs, assure Pol Goetzinger. Plus que de répondre à des besoins constatés au sein des entreprises, elle peut rapidement constituer un moteur d’innovation pour tout un secteur, un vecteur de compétitivité et de diversification. En anticipant les évolutions, on peut plus rapidement développer les compétences adéquates et être en meilleure position pour profiter des opportunités. »

Ce sont les acteurs économiques privés, en premier lieu, qui sont demandeurs d’un outil de compétitivité. Aujourd’hui, si la démarche a été initiée par des intégrateurs et des acteurs plus artisanaux dans la sphère ICT, elle pourrait progressivement s’étendre à toutes les sphères du secteur.

« En anticipant les évolutions, on peut plus rapidement développer les compétences adéquates afin de mieux profiter des opportunités. »

Une réponse structurée

« L’avantage de la démarche est qu’elle constitue une réponse particulièrement structurée et structurante pour un secteur. La proximité entre acteurs, au Luxembourg, facilite la mise en œuvre. Les entrepreneurs partagent un même enthousiasme pour une telle démarche. Pour les deux centres de compétences qui ont déjà vu le jour, les employeurs ont largement salué l’introduction d’une obligation de financement de la formation professionnelle continue pour assurer la mise en place d’un système de formation dans la mesure où ils sont persuadés des bénéfices que de tels outils peuvent leur apporter. » L’étude se fait en collaboration directe avec les entreprises luxembourgeoises, mais aussi avec les acteurs internationaux qui disposent d’un centre de décision au Grand-Duché, et de grands players comme Google, SAP, Cisco ou encore Microsoft, afin qu’ils intègrent la réflexion mais aussi qu’ils puissent intégrer directement l’offre de formation. L’étude devrait être finalisée d’ici la fin de l’année.

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