TRANSFORMATION & ORGANISATION

Les sociétés sont plus conscientes du rôle bénéfique de la mixité

A l’occasion de la Journée des femmes, ITnation donne la parole à des dirigeantes d’entreprise dans le domaine de l’ICT et du digital au Luxembourg. Depuis 2016, Anne Humbert est country manager de DATA4.

March 7, 2018

Pouvez-vous revenir sur votre parcours, les différentes étapes qui vous ont amenées aujourd’hui à la tête de Data4 au Luxembourg? 

A la fin de mes études en Commerce International, je me suis installée en Belgique. Mon premier emploi m’a amenée à travailler dans l’import-export de produits alimentaires vers le Proche et Moyen-Orient. Cet emploi fût une expérience très intéressante et enrichissante, notamment en matière d’échanges interculturels. Puis, je me suis installée en 1995 à Luxembourg. Après plusieurs expériences commerciales, j’ai choisi en 2001 de me tourner vers le monde informatique en travaillant chez Ausy, société spécialisée dans les services et la consultance informatique. Durant toutes ces années à la tête de Ausy Luxembourg et grâce à mes expériences ultérieures, j’ai tissé un réseau professionnel de clients et partenaires dans le secteur ICT / digital au sens large. A la tête de DATA4 Luxembourg depuis janvier 2016, je suis membre du Comité de Direction élargi dans lequel siègent 5 femmes sur 13 membres. Un quota plutôt rare dans le secteur IT . De surcroît, l’un des postes les plus important du groupe, celui de CTO, est occupé par une jeune femme.

Les femmes dirigeantes d’entreprise dans le secteur des TICs sont encore rares. Comment expliquez-vous cela? Quels sont les challenges à relever pour atteindre un meilleur équilibre dans ce secteur? 

Le sujet semble simple mais les réponses sont multiples…  C’est en effet un constat bien réel : les femmes sont sous-représentées dans ce secteur, la faute à quelques stéréotypes surannés. Au fond, les préjugés à l’égard des femmes ne sont pas vraiment intentionnels. Ils découlent de croyances culturelles et socialement acceptées. Cependant, les mentalités évoluent. Et il n’est plus rare de voir des jeunes femmes se faire une place de choix dans cet univers.

L’erreur pour les années à venir serait d’imposer des quotas. A mon sens ce n’est pas la bonne solution. Des quotas soulèvent la question de la légitimité. Une femme ou un homme doit être choisi pour ses compétences et non par souci de «quota ». Les pays nordiques sont beaucoup plus en avance sur ces sujets et règlent autrement cet équilibre homme-femme, aussi bien dans le milieu privé que professionnel.

Je pense aussi que les Millennials auront des approches professionnelles différentes, les jeunes femmes seront plus présentes dans le secteur des TIC ou du digital. On trouve déjà plus de dirigeantes de start-up, développeuses de logiciels ou investisseuses.

Quels dispositifs mettre en place pour favoriser un meilleur équilibre ?

Aujourd’hui, beaucoup de dispositifs dédiés aux femmes favorisent l’entrepreneuriat (coaching, networking dédiés aux femmes..).

Pour les prochaines générations, je pense que la sensibilisation dès le plus jeune âge permettrait d’inspirer et d’encourager les jeunes filles aux métiers plus technologiques.

Tout passe au final par l’éducation. Au niveau scolaire, la sensibilisation aux matières technologiques ou littéraires ne doit pas être ciblée plus pour les filles que les garçons, mais plutôt en fonction des compétences réelles. A la maison, il faut favoriser une éducation non « genrée » prodiguée par les parents. Il faut faire attention à l’image qu’ils vont renvoyer à leur enfant (égalité homme-femme, l’autonomie, ambition…)

Les métiers aussi vont beaucoup évoluer, grâce à la croissance exponentielle du digital, et à l’arrivée de l’intelligence artificielle.

Quant aux sociétés, une avancée positive se fait sentir, elles sont enfin conscientes du rôle bénéfique de la mixité, d’ailleurs nombreuses études prouvent qu’une certaine parité femmes/hommes conduit à une meilleure efficacité économique, et plus d’innovation.

Aujourd’hui, au regard de votre parcours et de ce que vous constatez à travers votre profession, que diriez-vous une adolescente qui se pose des questions sur son orientation professionnelle future? 

Ce fut le cas il y a quelques années avec ma fille, qui a 21 ans aujourd’hui. Je pense lui avoir rabâché : fais ce que tu aimes ! Mais le plus dur à cet âge est de savoir quel métier permettrait de s’épanouir…

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