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S’adapter avec la nature comme source d’inspiration 

En 3,8 milliards d’années, le vivant sur terre n’a eu de cesse de s’adapter, cherchant les meilleures stratégies pour survivre. Au cœur de l’histoire de l’humanité, nos ancêtres se sont très souvent inspirés de la nature pour faire face au changement. Aujourd’hui, plus que jamais, les inventions bio inspirées fleurissent dans de nombreux secteurs tels que l’aéronautique, les transports, l’énergie, l’industrie textile… Récemment, la nature s’invite même aussi dans les systèmes stratégiques.

June 3, 2021

L’homme imite la nature qui l’entoure depuis la Préhistoire. Ces derniers temps, toutefois, on peut dire qu’il n’a pas chômé. Les chardons ont inspirés le velcro. L’aérodynamisme du martin-pêcheur a été repris pour designer les trains à grande vitesse. Les moustiques seraient à l’origine des aiguilles de nos seringue. On trouve aujourd’hui des exemples de bio inspiration dans tous les secteurs et à toutes les échelles.

C’est au milieu du 20e siècle que le terme « biomimétisme » fait son apparition et il faut attendre la fin des années 90 pour qu’il soit popularisé par Jeanine Benyus, auteure du livre Biomimicry: Innovation Inspired by Nature. Le concept de bio inspiration évolue. Plus qu’une simple imitation du vivant, le biomimétisme apporte alors une dimension d’intentionnalité, la volonté de comprendre la nature et de reproduire ses process en privilégiant l’écoconception, le développement durable. Pour faire face aux défis modernes, qui ne manquent pas, la nature s’avère être une source inépuisable d’idées, donnant lieu à de nouveaux concepts. Un exemple ? Des recherches actuelles très prometteuses portent sur la reproduction artificielle du mécanisme de photosynthèse dans le but de trouver un meilleur moyen de stocker l’énergie solaire. 

La résilience, cette valeur indispensable

De plus en plus populaire, le biomimétisme devient une sorte de modèle, de philosophie, dont le principal objet  est la résilience, cette capacité à rebondir et à s’adapter aux fluctuations de l’environnement. C’est cette même résilience qui a guidé, pendant des milliards d’années, l’évolution des espèces. C’est aussi celle qui a fait défaut à nos systèmes sociétaux lorsque la Covid-19 a envahi la planète début 2020.

Ce choc global a mis en évidence les failles de la mondialisation et la nécessité de changer de modèle. Selon Emmanuel Delannoy, expert en biomimétisme chez Pikaia, société française spécialisée dans les solutions biomimétiques, « la question que nous devons donc nous poser est celle des impacts de nos activités, de nos projets et de nos innovations. Seront-elles destructrices ou contributrices pour la résilience et la capacité d’adaptation des écosystèmes terrestres, marins et littoraux ? ». 

4 principes issus de la nature

Florent Parmentier, secrétaire général du Centre de recherches politiques de Science Po (CEVIPOF) à Paris, estime quant à lui que l’on peut retirer du biomimétisme 4 principes : la parcimonie, la coopération, l’optimisation et la responsabilité.

    01. La parcimonie

Le vivant est économe : il utilise uniquement ce dont il a besoin dans son environnement pour ne pas épuiser les ressources existantes.

    02. La coopération

Dans un écosystème, c’est grâce à la diversité que la performance se crée. Le biomimétisme nous apprend à travailler ensemble vers un but commun. Tout en privilégiant une approche pluridisciplinaire, il faut pourvoir faire collaborer les différents éléments qui composent le système pour avancer. 

    03. L’optimisation

En choisissant l’optimisation plutôt que la maximisation, on privilégie la qualité à la quantité et on cesse de vouloir faire plus à tout prix.

    04. La responsabilité 

Il vaut mieux prévenir que guérir : « un oiseau ne souille pas son nid », il ne détériore pas l’environnement dans lequel il vit en risquant de devoir le réparer par la suite. 

Vers une métamorphose des organisations

Il est cependant plus simple d’établir des principes théoriques que de les concrétiser, surtout lorsqu’il s’agit de les appliquer à des systèmes hétérogènes et non plus seulement à des produits ou des équipements. Cette problématique, des chercheurs y travaillent, notamment dans le domaine des stratégies des organisations. 

C’est le cas de Paul Boulanger, docteur en sciences de gestion portant sur le biomimétisme. Après 6 années de recherche, il a développé une méthode biomimétique qui s’applique aux problèmes stratégiques. Elle consiste à « s’inspirer du comportement des espèces au sein d’un écosystème pour identifier de nouveaux positionnements et inventer de nouvelles organisations ou méthodes opérationnelles appliquées aux processus clés de l’entreprise. Elle permet d’en améliorer la performance stratégique et environnementale. »

La transition écologique implique un changement à tous niveaux, le business model actuel n’y échappe pas. Les entreprises doivent, elles aussi, entamer leur métamorphose, cette transformation profonde propre à l’évolution de certains organismes vivants. Et pour y parvenir, quel meilleur exemple que celui de la nature ?

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