TRANSFORMATION & ORGANISATION

Rendez-vous dans 15 ans avec…

Gabriel Thiercelin, Business Unit Director au sein de Sopra Steria Luxembourg, se prête au jeu de l'interview des 15 ans d'ITnation.

March 24, 2022

A l’occasion de ses 15 ans, ITnation a invité les professionnels du numérique au Luxembourg à jeter un coup d’œil dans le rétroviseur, pour parler du chemin parcouru, et à nous faire part de leur vision du numérique pour les 15 prochaines années. Gabriel Thiercelin, Business Unit Director au sein de Sopra Steria Luxembourg, partage avec nous son regard. 

 

Pouvez-vous nous dire ce que vous faisiez il y a quinze ans ? 

J’étais déjà au Luxembourg, dans une position moins managériale que celle que j’occupe aujourd’hui. Je travaillais pour la Police Grand-Ducale, dans l’informatique. Le monde était bien différent de celui que l’on connaît aujourd’hui, tout comme la manière de mener des projets. Les échanges se faisaient alors principalement en face à face. Pour seuls outils de collaboration, nous avions l’e-mail et le téléphone. Et quand on évoque le téléphone, à l’époque, celui-ci ne bougeait pas du bureau. 

 

En quinze ans, quel a été le principal apport du numérique dans votre vie/dans la société ? 

Le numérique nous a emmenés vers l’instantanéité tout en permettant la désynchronisation des processus. Aujourd’hui, la technologie nous permet d’accéder à de nombreuses informations en temps réel. D’autre part, tout le monde peut être facilement joint à tout moment. Cela a permis de réels gains d’efficience. Cela n’a pas cependant pas réduit le nombre de sollicitations de tout un chacun, ni permis de freiner le rythme de nos vies. La désynchronisation des processus est un autre avantage majeur. Derrière ce concept, je veux exprimer la possibilité d’obtenir un document et d’effectuer une transaction auprès d’une entreprise ou d’une administration en dehors des heures d’ouverture de celle-ci. Si l’on y réfléchit, cela a considérablement changé nos vies, d’une façon positive. 

Je pense toutefois que l’omniprésence du numérique permet aussi de se rendre compte que l’on a besoin de moment sans numérique… On peut ressentir un réel plaisir à passer un temps non connecté, à revenir au papier et au crayon. 

 

Quel est votre souvenir professionnel le plus mémorable de ces quinze dernières années ?

Il s’en est passé des choses ces quinze dernières années. Le souvenir professionnel qui m’a le plus marqué a trait à une importante décision. C’est l’orientation professionnelle prise, qui m’a amené où je suis, animée par l’envie de replacer l’humain au centre des préoccupations. J’évoluais auparavant dans des entreprises très orientées sur les processus. Or, je considère que, dans nos métiers comme dans beaucoup d’autres, la matière première reste l’humain. 

Je considère que l’humain doit rester au centre et la technologie est un outil mis à son service. Il est vrai que le numérique prend de plus en plus de place. Il suffit d’ailleurs de voir les enfants délaisser le papier et les crayons pour basculer sur tablette à l’école, pour s’en rendre compte. Il n’en demeure pas moins qu’il faut faire preuve de vigilance dans la manière d’aborder les projets, pour rester dans l’humain. 

 

Comment vous imaginez-vous le marché luxembourgeois du numérique dans 15 ans ? 

Le Luxembourg a accumulé un certain retard en matière de transformation numérique. Alors que lorsque j’ai commencé ma carrière, il y a 22 ans, nous étions en avance. En matière d’intégration des technologies numériques, le Digital Economy and Society Index nous positionne en 14e position des pays européens. Il y a encore des efforts à réaliser en la matière, soutenus par la volonté de faire un bond vers l’avant.

Si l’on considère les tendances générales, on peut imaginer que nous ne coderons plus de la même manière, avec une adoption progressive du low-code. Par rapport au renforcement de notre dépendance au numérique, la cybersécurité constituera aussi un enjeu toujours plus important. 

De manière globale, on peut s’interroger sur la numérisation de la société. Ne nous inscrivons-nous pas dans une espèce de bulle ? Le numérique est-il capable d’absorber durablement la moitié des ingénieurs produits en Europe ? Ou, au contraire, ne sera-t-on pas contraint de ralentir ?

 

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