TRANSFORMATION & ORGANISATION

Rendez-vous dans 15 ans avec …

Yves Reding, CEO d’EBRC, se prête au jeu de l'interview des 15 ans d'ITnation.

April 21, 2022

Pour célébrer ses 15 ans, ITnation a demandé à ses partenaires et aux membres de sa communauté d’évoquer le chemin qu’ils ont parcouru depuis 2007 et de partager leur regard pour les 15 prochaines années. L’occasion pour Yves Reding, CEO d’EBRC, de rappeler l’exigence de définir un cadre clair pour un développement numérique responsable, au service du bien commun. 

 

Pouvez-vous nous dire ce que vous faisiez il y a quinze ans? 

En novembre 2006, nous mettions en production notre premier client au Resilience Centre Ouest, situé à Windhof, au terme d’un chantier que nous avions entamé neuf mois plus tôt. Cela marque un tournant important dans le développement d’EBRC, dont l’activité a débuté en juin 2000. Ce data center, en effet, était le premier en Europe à viser le niveau de certification le plus élevé – TIER IV – dont le standard était sur le point d’être publié à l’époque. Cette période correspond aussi au changement de nom d’EBRC de e-Business & Recovery Centre en e-Business & Resilience Centre. Cette notion de résilience, largement évoquée durant la récente crise sanitaire, à travers une approche experte de la gestion des risques, est au cœur de notre ADN depuis le lancement de notre activité. En 2006, nous réalisions 9,8 millions de chiffre d’affaires annuel, aujourd’hui il s’élève à 114 millions. Sur la même période, le staff est passé de 38 personnes à 350, en comptant l’équipe de notre filiale DIGORA. En quinze ans, nous avons fait plus que du fois 10. 

 

En quinze ans, quel a été le principal apport du numérique dans votre vie/dans la société  ? 

Il y a 15 ans, la principale révolution se concrétise au niveau de l’iPhone, qui sort en 2007. C’est le début d’une vague fantastique de digitalisation de nombreux aspects de nos vies, simplifiant notre quotidien, améliorant considérablement l’expérience vécue par les utilisateurs. Un nouveau monde a émergé. Aujourd’hui, l’ensemble de vos outils de travail tiennent dans une poche. Avec ces développements, on a aussi assisté à une accélération de la production, des échanges et du partage des données. Je ne sais pas si Steve Jobs avait conscience de l’impact qu’aurait l’iPhone sur nos sociétés, en bien ou en mal d’ailleurs. Aujourd’hui, le smartphone facilite notre quotidien. Mais on peut aussi se demander si Trump aurait pu émerger sans les smartphones et les réseaux sociaux. 

L’i-Phone nous a plongé dans un nouveau monde, le cyber-espace, avec son côté pile fait d’opportunités mais également son côté face, plus sombre.

Côté pile, il y a tout ce que la technologie apporte d’extraordinaire, en faisant de la terre un grand village, en rapprochant les gens, en contribuant à une vie plus qualitative et confortable à travers un enrichissement continu des fonctionnalités. Le numérique contribue à nous maintenir en meilleure santé, à réduire la pénibilité dans de nombreux domaines autant qu’il est un levier de renforcement de notre productivité. 

Côté face, il y a des dérives, de nouveaux risques qui émergent, des menaces cyber, les manipulations, les fake news, …. L’accélération inhérente au développement numérique a pour conséquence que l’on peine à maitriser l’ensemble des risques qui peuvent en découler. C’est comme un toboggan dans lequel on glisse irrémédiablement sans que l’on ait la possibilité de maîtriser la descente. En tant qu’EBRC, notre leitmotiv est de créer les conditions pour que l’on puisse s’engager ensemble, en toute confiance, dans l’ère de l’information. 

 

Quel est votre souvenir professionnel le plus mémorable de ces quinze dernières années ?

Au fil de ces 15, et même 20 dernières années, EBRC m’a beaucoup occupé. Parmi les souvenirs mémorables, je citerais l’inauguration de notre date center de Kayl en juin 2010, qui coïncide aussi avec le changement de logo d’EBRC et l’affirmation de nos valeurs à travers l’acronyme EARTH pour Excellence, Agility, Responsibility, Trust et Human. Ayant pris conscience des enjeux environnementaux et du défi inhérent au dérèglement climatique, nous nous engagions au service d’un numérique plus durable et responsable. Pour toute l’équipe, avec aussi le lancement des Trusted Services, cette période constitue un moment fort et le début d’une troisième étape du développement d’ERBC. La volonté était de donner du sens à notre action. C’est aussi à ce moment que l’on a commencé à rayonner à l’international, en gagnant notamment des clients sur la côte ouest des Etats-Unis. 

 

Comment vous imaginez-vous le marché luxembourgeois du numérique dans 15 ans? 

La crise sanitaire, en mars 2020, a fait prendre conscience à l’Union européenne de l’importance de certains éléments pour faire face à la situation, comme la nécessité de maîtriser l’approvisionnement en masques ou en respirateurs, mais aussi l’importance de garantir sa souveraineté numérique. 

De manière générale, nous assistons à une explosion de la production de données. Avec l’avènement de l’ère des algorithmes, de l’IT et de l’intelligence artificielle, tout, à l’avenir, sera « données ». Il est difficile d’imaginer les 15 années à venir. Mais il semble évident que le numérique va s’immiscer partout, dans l’ensemble des aspects de nos vies. En médecine, on peut être certain que le parcours patient va se digitaliser et parier que de nombreuses opérations pourront être réalisées par des robots. Au regard des enjeux que cela représente, il est important de pouvoir rapidement bien cadrer les développements (comme l’Union européenne entend le faire avec le Digital Services et Market Act ou le Data Governance Act), pour garantir la sécurité et le bien-être des citoyens. Le monde du numérique, c’est encore trop souvent le Far West. Aussi, il appartient aux autorités de définir un cap, de poser des limites pour le bien commun, pour s’assurer que les règles qui prévalent dans le monde physique soient aussi applicables dans le monde virtuel.

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