Après l’intervention inspirante de Virginie Guyot, première femme à avoir emmené la Patrouille de France, et un panel réunissant des dirigeants luxembourgeois autour des enjeux de performance collective, la cérémonie a récompensé des leaders du numérique au Luxembourg. À cette occasion, André Meyer (Encevo) a été élu CIO of the Year 2025.

À l’entrée du siège de PwC Luxembourg, partenaire du prix CIO of the Year, qui accueillait cette nouvelle édition du Gala Golden-i, trônait le cockpit d’un Mirage F1. De quoi plonger les nombreux professionnels du numérique présents directement dans l’ambiance. En effet, cet avion de chasse était l’un des appareils pilotés par Virginie Guyot, notre conférencière du jour, venue partager les clés de la performance collective. Cette française, après avoir mené des opérations militaires en vol, est connue pour avoir été la première femme leader de la Patrouille de France, emmenant dans son sillage des pilotes chevronnés pour réaliser des figures acrobatiques exceptionnelles (et hautement risquées) dans les airs.
Performances de haut vol Les images diffusées lors de la conférence parlaient d’elles-mêmes : des avions, en formation, espacés de quelques dizaines de centimètres, volaient à une allure folle, de manière parfaitement synchronisée. La performance a tout d’une symphonie maîtrisée, à la différence près que la moindre fausse note peut conduire à une catastrophe aérienne et mettre des vies en danger.
Virginie Guyot, à travers son expérience, a partagé quelques secrets permettant de réussir de tels exploits. Si vous souhaitez en apprendre davantage, nous vous invitons à relire son interview publiée dans notre précédente édition :
itnation.lu/news/la-confiance-mutuelle-au-fondement-de-laperformance-collective/

Confiance et compréhension mutuelles

De son intervention riche, plusieurs clés de la performance collective sont à retenir. Tout d’abord, l’importance de la confiance mutuelle au sein d’une équipe, avec la conscience que chaque rouage est essentiel à la réussite d’un vol — ou d’un projet —, du pilote au mécanicien.
« Au-delà des compétences techniques, il faut aussi des qualités humaines essentielles », a-t-elle expliqué. « Il est important de se mettre au service de l’équipe, en développant une compréhension mutuelle des enjeux de chacun. »
La préparation, l’entraînement, le feedback sont également des éléments clés du succès. « L’erreur provient souvent d’un problème de communication ou d’une suite d’événements malencontreux, précise Virginie Guyot. Pour éviter cela, il faut pouvoir se dire les choses, renforcer les synergies dans un contexte de communication ouverte et d’esprit bienveillant. »
Le leadership, dès lors, doit faire preuve d’agilité, soutenir le développement de chacun et, avant tout, s’assurer que l’on a, en permanence, la bonne personne au bon endroit.
« Lorsque l’on débriefe, on ne doit pas être là pour juger, mais pour comprendre comment mieux faire et permettre à chacun de grandir, de jouer son rôle au cœur du projet, explique-t-elle. Plus on connaît les autres, plus on peut leur faire confiance. »

Associer les bonnes compétences

Les panélistes, dans la discussion qui a suivi la conférence, ont abondé dans ce sens. Une discussion riche a réuni Roxane Haas, People Leader chez PwC Luxembourg, Franck Bedell, CISO de Baloise au Luxembourg, Vincent Eggen, CEO de Pictet Technologies, et Pierre Gillet, Head of Digital Skills Training au CNFPC. Ils ont partagé la manière dont les enjeux de performance collective sont vécus dans leurs organisations.
Pour Vincent Eggen, ils sont plus essentiels que jamais : « la technologie est plus complexe et requiert un large éventail de compétences. La transformation numérique exige un travail d’équipe.
Les professionnels de l’informatique résolvent les problèmes, mais plus personne ne peut fournir seul des réponses complètes. Pour élaborer des solutions, il faut désormais combiner des compétences multiples. »

Travailler en équipe

Soutenir une approche collective et développer un esprit d’équipe constituent des défis majeurs, a affirmé Roxane Haas, notamment dans une structure de la taille de PwC Luxembourg. « Le défi consiste à faire en sorte que l’intérêt collectif prime. À travers notre organisation, le travail s’envisage essentiellement en équipe, autour d’objectifs communs. Cela implique notamment d’être attentif à des sujets comme la diversité et l’inclusion », a-t-elle expliqué.
Or, d’une génération à l’autre, notre rapport au travail évolue. Il faut pouvoir tenir compte de ces différences et adapter l’organisation, en veillant à renforcer un esprit de communauté auquel la grande majorité des collaborateurs, jeunes et moins jeunes, aspirent toujours fortement. « Dans cet environnement, on constate que les compétences non techniques (soft skills) sont de plus en plus importantes pour les performances de l’entreprise et l’engagement
des équipes, commente Pierre Gillet. Les compétences sociales et le partage des connaissances contribuent à la dynamique de groupe et à la résolution collaborative des problèmes. »

Une vision partagée

Il est aussi important d’assurer de la visibilité à chacun. « La stratégie d’entreprise doit être clairement comprise et adoptée par tous. Il faut expliquer pourquoi les choses sont faites d’une certaine manière, afin de renforcer le positionnement de l’entreprise et attirer des personnes en phase avec ses valeurs et sa mission », explique Franck Bedell.
Dans le domaine de la cybersécurité, la préparation évoquée par Virginie Guyot est aussi un élément essentiel : « Pour que les règles de sécurité soient comprises et pour se préparer au pire, il est essentiel de procéder à des tests réguliers. Une forte culture de la sécurité doit être développée. Chacun doit connaître son rôle en cas de crise. Les actions doivent s’aligner sur une approche commune, et les personnes doivent être reconnues pour leur contribution. »

Renforcer la culture d’entreprise

C’est tout l’enjeu d’une culture d’entreprise forte, qu’il faut pouvoir identifier et entretenir. « Pourquoi les gens choisissent-ils de nous rejoindre ? Pourquoi restent-ils ? Ces questions sont importantes et permettent de renforcer ce qui favorise l’énergie collective, tout en veillant à ce que la technologie soit au service de l’effort commun et de la cohésion de l’équipe », commente Roxane Haas.
« Comme dans le sport, pour qu’une équipe soit performante, il faut que l’alchimie entre les membres fonctionne. »

Pour Vincent Eggen, trois éléments doivent contribuer au renforcement de la performance collective : des objectifs partagés et bien connus, la sécurité psychologique des collaborateurs et la transparence. « Ce sont là des éléments clés de toute communication ouverte. L’autonomisation et la responsabilisation sont cruciales », explique-t-il, avant de préciser : « Contrairement au vol en formation, dans nos métiers, l’erreur est permise. Elle est acceptée, et constitue même un levier d’apprentissage et de progression. »

Il faut aussi accompagner chacun, en veillant à renforcer ses compétences. « La formation continue, dans un monde en pleine mutation, joue pleinement son rôle », assure Pierre Gillet.

À n’en pas douter, les personnes présentes dans l’auditorium de PwC Luxembourg ont apprécié ces échanges de haut vol, qui devraient leur permettre de prendre de la hauteur.