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Le Dîner de Charles

Retrouvez l'entretien de Nora BACK, Présidente de l’OGB-L. Propos recueillis et rédigés par Charles Mandica, publiés dans AGEFI.

April 20, 2022

En principe, on ne présente pas les monuments, nous sommes censés les connaître, ils font partie de notre horizon journalier. Nous savons tous où se logent la Gëlle Fra et le Palais grand-ducal et nous visualisons aussi parfaitement où se situe le plus prestigieux des cinq étoiles du boulevard : Le Royal.

L’hôtel Le Royal est une remarquable institution qui emploie près de 190 personnes. Fierté de notre patrimoine gastro-hôtelier depuis son inauguration le 15 septembre 1984, cet établissement compte 200 chambres et 10 suites. Selon la formule consacrée, les chambres du sixième étage offrent une vue imprenable sur Luxembourg. Le nom de son restaurant, Amélys, vient de la contraction du nom de la rue Amélie (à gauche de l’hôtel) et du lys symbole de la royauté. Amélys a été inauguré en mai 2015.

Dans l’hôtel, le restaurant Amélys se positionne en pivot central. En 2022, le but est de continuer à fidéliser sa clientèle et à la développer. Dans un monde où les groupes hôteliers planétaires font circuler le personnel de manière cyclique, nous avons au Royal un inamovible monument : Philippe Scheffer. Avant d’être nommé directeur général en 2006, il en avait aussi été le directeur adjoint. Après 16 années de présence comme directeur général, ce roc immuable est fier, efficace et discret. Il est magistralement et efficacement épaulé par sa fidèle assistante de direction, Cynthia Blaszczyk.

Pour nos historiens et comportementalistes, dans les années 1985/1995, Le Royal logeait en son sous-sol une discothèque. Signe d’un temps révolu, danser aujourd’hui se fait plus à table dans des restaurants qui se mutent en boîte de nuit où danser sur les tables devient une marque de liberté commune. Loin de ce schéma, Le Royal assume fièrement ses traditions et offre une tranquillité majestueuse sur sa terrasse, la quiétude parfaite. Vous êtes au cœur de la ville dans un écrin de verdure bienfaisante lors de grandes chaleurs. Aujourd’hui, l’arrivée des touristes accentue cette touche de dépaysement. La spécialité du chef de cuisine Paul Fourier est le foie gras, et il aime le marier de manière originale avec le poisson. Quand il était le chef à La Pomme Cannelle, il avait imaginé et conçu un exceptionnel foie gras à l’anguille fumée. La Pomme Cannelle a subi les effets de la crise sanitaire pour se mettre en veille.

Avec le piano-bar, la terrasse, le jardin et les salles de meeting, la panoplie complète que l’on exige d’un cinq étoiles est à vos pieds ! Déjeuner et dîner en terrasse dans un écrin de verdure est un formidable secret du centre-ville dans l’antre du Royal.

C’est évident, suite à la crise du Covid, les prix ont subi des hausses plus ou moins fortes. Dans certains restaurants, les hausses semblent injustifiées puisque ni la qualité des produits ni la qualité de services ne se sont rehaussées dans les mêmes proportions. A l’Amélys, le très bon rapport qualité/prix surprend agréablement. Tant mieux ! Pour notre dîner, nous avons cédé aux charmes de la mer (crevettes en entrée et poisson en plat). Le dessert présenté a été un excellent moment de fraîcheur. Retenons : des plats très goûteux, dans une période où les prix flambent, un rapport qualité/prix remarquable et une panoplie complète de services de qualité. J’ajouterais une remarque particulière pour Célia.

Depuis de nombreuses années, elle démontre une gentillesse et une attention constante dans la lignée des grandes maisons : irréprochable et toujours attentionnée. Célia est le sourire qui enjolive vos repas. Ces dernières semaines et mois ont prouvé l’importance, si besoin était, de partager entre amis et famille de bienfaisants moments de vie. Célia avec d’autres fait partie de ces personnes qui ont malheureusement disparu de nos cercles pendant de trop longs mois. Pendant près de deux ans et de par le monde, le personnel de l’Horesca avait été désappointé. Célia est, avec d’autres, une indispensable valeur sûre de ce que la grande gastronomie a aussi besoin pour briller. Un grand merci à elle, à ses pairs de l’Horesca, d’ici et d’ailleurs, et à l’ensemble du personnel du Royal conduits par Philippe Scheffer avec la constante bienveillance de Monsieur Nasir Abid.

Mon invitée Madame Nora BACK, présidente de l’OGB-L*

En 2018, elle est élue secrétaire générale de l’OGBL. Par la suite, les élections sociales de 2019 la mènent à la présidence de la Chambre des salariés (CSL) et en décembre 2019, elle est élue présidente de l’OGBL. Aujourd’hui, elle est à la tête de deux institutions majeures dans le monde du travail à Luxembourg. Dans les différents organes de la presse nationale, elle semble être plus célèbre et médiatisée par l’OGBL que par la CSL. Ses rivaux de tous bords — y compris les personnalités du patronat — disent qu’elle est sympathique et fort souriante. Le même écho semble s’être propagé auprès de certains membres du Gouvernement. Vrai, Nora Back est une personne joviale. Allègre et dotée d’une capacité d’adaptation colossale, elle est habile. Comme de nombreuses femmes qui ont réussi, elle est une opposante farouche aux quotas hommes/ femmes, on peut le regretter.

Bien qu’elle dise que la politique ne l’attire pas, je mise une somme de 20,20 euros qu’elle y jouera un rôle majeur endéans les dix ans à venir (gardez ce mensuel en version papier). Avant 2032, ce postulat vaudra au moins la mise que je vous annonce. Elle veut que la durée du temps de travail de 40 heures soit réduite, mais Nora ne compte pas ses heures en semaine et même les jours fériés. Oui, la tendance serait plutôt à la nommer Nora que Madame Back. Elle est souriante et séduisante et cela ne la rend pas moins dangereuse pour ses opposants, adversaires du patronat ou encore une probable frange du monde politique. Elle doit se connaître certains ennemis, ils se reconnaîtront. Mais, je n’en suis pas et elle et moi avons même partagé quelques vues communes.

Lors de notre soirée, nous avons, probablement de manière tacite voire inconsciente (mon jugement est subjectif), plus détaillé ce qui nous rapproche, ce qui a permis une interview cohérente et douce, certains diront lisse. Je le revendique, cette douce amabilité de nos échanges. Par nos temps troublés, la prévenance ne va pas nuire. Sans en commenter les résultats, son rôle dans la tripartite est essentiel. Entre la présente interview et la publication du présent article, Xavier Bettel a annoncé que l’on ne révisera pas l’indexation des salaires. A un an des élections, s’opposer à Nora sur ce sujet serait une déclaration de guerre sociale, et nous n’avons vraiment pas besoin de cela. Dans ce monde du travail qui tend à perdre certains repères, Nora 1ère est une des forces tranquilles dont l’équilibre économique de notre pays a besoin et avec son sourire en plus.

N.d.l.R. la présente interview s’est tenue lors de toutes premières réunions de la tripartite de mars 2022.

Retrouvez son interview ici

* L’OGBL (Onofhängege Gewerkschaftsbond Lëtzebuerg/ Confédération syndicale indépendante du Luxembourg) a été fondé en 1979 par les responsables syndicaux issus de la principale fédération syndicale ouvrière (LAV) et de la principale fédération syndicale des employés du secteur privé (FEP). Coïncidence de l’histoire, Nora Back est née en 1979. Après 1979, les éléments d’évolution qui en suivirent font partie de l’histoire de l’OGBL.

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