Le développement ICT a besoin d’entrepreneurs

Peu de temps avant que le gouvernement ne partage sa stratégie pour un « Luxembourg digital », ICT Luxembourg se structurait en ASBL. Gérard Hoffmann, président du Conseil d’administration d’ICT Luxembourg, évoque les enjeux du développement digital au Grand-Duché et le rôle qu’entend jouer son association dans cet environnement en mouvement.

April 2, 2015

Peu de temps avant que le gouvernement ne partage sa stratégie pour un « Luxembourg digital », ICT Luxembourg se structurait en ASBL. Gérard Hoffmann, président du Conseil d’administration d’ICT Luxembourg, évoque les enjeux du développement digital au Grand-Duché et le rôle qu’entend jouer son association dans cet environnement en mouvement.

Par Sébastien Lambotte

Monsieur Hoffmann, pouvez-vous nous rappeler la raison d’être d’ICT Luxembourg ?

Depuis le 15 juillet dernier, ICT Luxembourg est structurée en ASBL. Mais la volonté des acteurs de mieux travailler ensemble est bien antérieure à ce changement de statut. Les associations représentant la large diversité d’acteurs du secteur se rassemblent autour de l’initiative ICT Luxembourg depuis 2011, afin de pouvoir parler d’une seule voix. On sait que l’ICT au Luxembourg se développe comme un pilier de l’économie.
Le secteur pèse actuellement près de 7% du PIB et compte environ 15.000 emplois. Il y a de belles perspectives de développement pour les activités ICT au Grand-Duché, de belles ambitions aussi. Dans ce contexte, ICT Luxembourg, en tant que méta-fédération rassemblant presque toutes les grandes fédérations professionnelles, veut être le représentant des intérêts du secteur, l’interlocuteur privilégié qui veille aux intérêts de l’ensemble.

Quelles sont les missions concrètes d’ICT Luxembourg ?

La première est une activité de lobbying, de défense des intérêts du secteur privé auprès du gouvernement luxembourgeois, mais aussi de la Commission et des institutions européennes. Une autre mission réside dans la promotion de la Place afin d’attirer des acteurs internationaux qui désirent développer leurs activités depuis l’Europe. Enfin, une autre mission réside dans la gestion des talents, dans la promotion des métiers de l’ICT auprès des jeunes. Parce qu’il apparaît clair, aujourd’hui, que sans talents, nous n’irons pas loin.

Que pensez-vous de l’initiative Digital Lëtzebuerg présentée par le gouvernement ?

C’est réjouissant. Dans un monde économique aux perspectives de croissance moroses pour l’ensemble des secteurs, l’ICT fait exception. En effet, la discipline est transversale. Elle pénètre tous les métiers, tous les niveaux de la société, l’ensemble des consommateurs. Le Luxembourg, dans ce contexte, doit saisir sa chance, affirmer un réel positionnement en la matière. Il a y a de réelles opportunités, mais aussi beaucoup de défis à relever pour pouvoir en profiter, pour voir émerger une Smart nation. Le premier de ces défis est sans conteste celui de l’émergence des talents.

Le secteur privé est-il prêt à relever ce défi de la révolution digitale ?

Au Luxembourg, le secteur est encore jeune. Mais, en quelques années, de grandes choses ont pu être réalisées. On est parvenu à positionner la Place pour que les acteurs qui souhaitent développer des activités ICT en Europe aient un œil dessus. En commençant par attirer des acteurs de l’e-commerce, en investissant dans des infrastructures et de la connectivité, à travers LuxConnect notamment, mais également en développant un cadre réglementaire et fiscal favorable au développement des activités. Aujourd’hui, nous figurons dans le top 3 des places européennes choisies par des acteurs provenant hors de l’Europe pour héberger des activités technologiques. Maintenant, il faut se transformer pour relever les défis futurs. Les acteurs ICT de la Place ont longtemps été des prestataires de services pour d’autres secteurs présents au Luxembourg, et notamment la Finance. Aujourd’hui, nous devons parvenir à développer des activités et des services en tant que réels vecteurs d’exportation, créer une plus grande valeur ajoutée à travers elle. Précisons tout de même que le secteur privé est aligné sur les priorités exprimées par le gouvernement.

A quoi ressemblera le secteur ICT au Luxembourg d’ici 5 à 10 ans.

C’est difficile à dire, si ce n’est que nous avons toutes les raisons d’être optimistes. Il y a cinq ans, jamais je n’aurais pu imaginer la manière dont le secteur s’est développé. Tout évolue extrêmement rapidement. Nous allons poursuivre dans cette voie, en continuant, je pense, à nous appuyer sur des niches d’excellence à partir desquelles nous pourrons rapidement acquérir une position de leader. On pense évidemment aux services financiers, à la sécurité informatique, à la gestion des données « big data ». Mais il y en a sans doute d’autres.

Que manque-t-il au Luxembourg pour réussir cette transformation ?

Avant tout, il nous manque des entrepreneurs. La vision du gouvernement ne pourra porter ses fruits que si nous parvenons à attirer des acteurs capables de développer de nouveaux services, de nouvelles activités. Il nous faut attirer des start-ups innovantes, et donc pour cela trouver des modes de financement, des investisseurs qui sont encore trop peu présents aujourd’hui.

Cela exige aussi un changement profond de culture. Comment l’opérer ?

Oui, la Smart nation devra atteindre chaque citoyen. Il faut promouvoir une culture digitale et d’excellence au sein de la population. L’Etat a un rôle fondamental à jouer, au niveau de la formation bien sûr, mais en se transformant lui-même. Au niveau des services publics, il y a un grand saut à opérer. C’est aussi à l’Etat à démontrer qu’il peut être avant-gardiste, en mettant en œuvre une administration plus digitale, avec des services en ligne. A ce niveau, le Luxembourg accuse un réel retard.

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