« Le CIO d’aujourd’hui doit être en capacité d’être le CEO de demain »

Philippe Janssens, Country Manager Belgium-Luxembourg de Hitachi Data Systems, était l’invité de la rédaction d’ITnation.

April 9, 2015

Philippe Janssens, Country Manager Belgium-Luxembourg de Hitachi Data Systems, était l’invité de la rédaction d’ITnation.

Par Sébastien Lambotte

Face aux enjeux de la transformation digitale, comment évoluent les métiers d’Hitachi Data Systems ?

Hitachi Data Systems est une branche à 100% du groupe Hitachi, leader dans le développement et la construction de technologies dans de nombreux domaines. Le groupe Japonais ne fabrique pas que des infrastructures de storage. Il est actif dans de nombreux autres domaines, dans le monde ferroviaire notamment, comme opérateur de réseau et développeur de train à sustentation magnétique, mais aussi dans le secteur de la santé, comme développeur de systèmes de radiologie, IRM et scanner, dans la construction de centrales électriques. Hitachi produit aussi des systèmes GPS pour l’industrie automobile, ou encore des bulldozers et autres solutions d’ingénierie civile. Décrit comme cela, l’univers Hitachi peut paraître très fragmenté. Toutefois, considérant les évolutions actuelles, il ne l’est pas tant que ça et tend de plus en plus vers un « One Hitachi ». Chaque produit ou technologie que l’homme développe est aujourd’hui destiné à être toujours plus connecté, devra être en capacité de collecter des données et de se connecter avec d’autres appareils. Nous sommes aux prémices de l’Internet of Things. A l’horizon 2020, on devrait compter 50 milliards d’objets connectés, qui échangeront une quantité toujours croissante de données. Hitachi a bien compris ce phénomène. Dans ce contexte, ce que nous faisons aujourd’hui sera toujours plus influencé par l’IT. Hitachi Data Systems, la branche informatique du groupe migrent aujourd’hui au cœur de l’univers Hitachi pour créer de la valeur ajoutée, développer de nouvelles opportunités dans de nombreux domaines. A l’avenir, l’IT et la technologie seront des vecteurs de transformation du business. Les acteurs ICT ne vendront plus des infrastructures, mais des solutions et de l’engagement de résultats. Les enjeux pour l’avenir résident dans le big data, dans notre capacité à gérer les données, à les analyser, à créer de l’information utile, dans la business intelligence.

Dans quelle mesure cette transformation impactera-t-elle les métiers de l’IT ?

Nous sommes intimement convaincus que les enjeux pour les responsables IT ne doivent plus tant s’attarder sur le cloud ou sur le choix d’une infrastructure mais se concentrer sur la création de valeur au niveau business. Aujourd’hui, tout ce qui est relatif à l’infrastructure relève de la tuyauterie. Nous pensons que le CIO d’aujourd’hui doit être en capacité de devenir le CEO de demain. Dans le business, on voit des juristes, des financiers ou des marketers devenir CEO. C’est plus rarement le cas pour des responsables informatiques. Il y a lieu de se demander pourquoi ? Aujourd’hui, ils sont pourtant au plus près de la donnée et des solutions qui permettent d’apporter de la valeur et d’influencer le core-business. Plus que quiconque, ils sont donc en capacité de transformer le business et de l’améliorer. Malheureusement, trop de CIO se cantonnent ou se laissent cantonner à un rôle de (bon) prestataire de services IT et de (bon) gestionnaire de ressources au sein de son organisation. Cette position à l’époque actuelle devient délicate. Que se passera-t-il, demain, quand un « Outsourcer » pourra démontrer au CEO qu’il peut faire aussi bien pour moins cher que le CIO dans un contexte similaire? Cela dit, le CIO peut aussi devenir un acteur business, contribuer à la création de valeur, développer de nouvelles opportunités pour son entreprise grâce une meilleure utilisation de la technologie, de l’information. Les CIO sont donc face à un challenge très intéressant qui s’apparente à un « quitte ou double ».

Le Luxembourg est-il en capacité de se transformer pour répondre à ces enjeux ?

Je pense qu’il y a là de véritables enjeux pour le Luxembourg, qui mise beaucoup sur le numérique pour son avenir. Le pays veut attirer de l’activité au Luxembourg en se positionnant comme le Fort Knox de la donnée (après être et avoir été le Fort Knox bancaire). Mais avec quoi d’autre que de la « super infrastructure » le pays tente-t-il aujourd’hui de convaincre et séduire ? La tuyauterie ne suffira plus pour convaincre. Au-delà des excellentes infrastructures technologiques présentes au Luxembourg, les acteurs et prestataires doivent se positionner comme partenaires de développement du business. Les prestataires, demain, devront être en mesure d’accompagner leurs clients, de les aider à développer leur business en Europe. Si le CIO doit évoluer pour se mettre au service du business, les prestataires aussi doivent se transformer. Il faut être deux pour danser. En tant que prestataire, nous avons pour mission d’accompagner et aider les CIO. C’est notamment dans cette optique que, pour le territoire Belgique-Luxembourg, nous venons de nommer un CTO qui place la technologie au service de l’activité et qui réfléchit aux solutions avant tout en terme d’impact business.

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