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L’avenir de la mobilité autonome se construit au Luxembourg

Depuis septembre 2018, un étrange véhicule circule au Pfaffenthal ainsi que dans le zoning de Contern. 100% autonome, ce minibus opéré par la société Sales-Lentz s’inscrit dans un projet pilote européen destiné à faire évoluer la technologie à l’œuvre dans ces engins, mais aussi à harmoniser la réglementation européenne encadrant leur utilisation.  

September 23, 2019

Consortium Avenue

« Avenue », pour « Autonomous Vehicles to Evolve to a New Urban Experience »,  c’est le nom d’un projet consacré à la mobilité autonome, financé par des deniers européens et impliquant pas moins de 16 partenaires (universités, entreprises privées, opérateurs publics, etc.). Le 15 mai dernier, ces différentes parties prenantes se retrouvaient à Bascharage, sur le site de l’entreprise de transport Sales-Lentz, qui participe au projet, pour la troisième assemblée annuelle de ce consortium international. Le but ? Faire le point sur la navette autonome déployée dans quatre villes européennes – Copenhague, Genève, Lyon et Luxembourg – et développée par une entreprise qui, à l’origine du projet, n’était encore qu’une start-up : Navya. « Il y a trois ans, lorsque nous avons rencontré les responsables de l’entreprise, ils travaillaient dans un petit hangar au sud de Lyon, se souvient Georges Hilbert, Directeur Général de Sales-Lentz. Ce sont des gens qui viennent de l’IT – du milieu du gaming, même –, et pas du secteur des transports. Ils ont donc une façon de penser complètement différente de celle des professionnels du transport. Dès le départ, la navette autonome a été conçue sans volant, bidirectionnelle, etc. Ce sont des partis-pris qui n’auraient peut-être pas été choisis par un fournisseur de véhicules traditionnel. »

 

Viser une sécurité maximale

Au Luxembourg, l’un des minibus autonomes développés par Navya est utilisé depuis le mois de septembre 2018 au Pfaffenthal, entre l’ascenseur panoramique et le funiculaire. Il a également été en action sur le zoning de Contern, avant d’être arrêté pour préparer la mise en place d’un trajet plus long. Capable de transporter 15 personnes – 11 assis et 4 debout – les minibus Navya sont évidemment de véritables concentrés de technologie, embarquant des lidars multi-nappes et mono-nappes, des caméras stéréovision ainsi que des dispositifs d’odométrie placés sur les roues et les essieux, qui permettent d’estimer la position du véhicule lorsqu’il est en mouvement. Pour circuler en toute sécurité, leur trajet doit toutefois être tout d’abord digitalisé pour servir de base à la programmation du véhicule. Cette contrainte est parfaitement gérable pour des lignes de bus qui, par définition, sont fixes. « Notre but, en tant que société de transport de personnes, est d’arriver à assurer une sécurité à 100% à ceux qui empruntent la navette autonome, poursuit Georges Hilbert. En digitalisant le trajet, on offre une garantie supplémentaire, même si le bus est tout à fait capable de choisir un chemin alternatif en cas de problème. »

 

L’autonomie de niveau 5, une réalité

Les navettes autonomes qui circulent aujourd’hui au Luxembourg embarquent encore un opérateur. Les véhicules présentant une autonomie de niveau 5 – le plus haut niveau – ne peuvent pas encore circuler sur le territoire, en raison d’un vide juridique qui n’est toujours pas comblé. Toutefois, comme cela a été prouvé au cours d’une démonstration grandeur nature sur le site de Sales-Lentz le 15 mai dernier, la technologie est déjà mûre et les véhicules Navya peuvent donc parfaitement rouler sans assistance. À terme, l’objectif est d’utiliser ces navettes autonomes « on demand », notamment lorsque les transports publics se font plus rares, par exemple au milieu de la nuit. « Notre objectif n’est toutefois pas de se passer de la fonction de chauffeur, prévient Georges Hilbert. Celle-ci devra sans doute évoluer, le chauffeur devenant un opérateur qui, bientôt, surveillera à distance plusieurs navettes et pourra réagir en cas de problème. »

 

Faire évoluer tout en restant sûr

Les tests menés en conditions réelles dans quatre villes doivent également permettre de faire évoluer les véhicules, qui devraient d’ailleurs bientôt passer d’une vitesse maximale de 20 km/h actuellement à 25 voire 30 km/h l’an prochain. Les logiciels qui récoltent les différentes données fournies par les capteurs du véhicule sont également mis à jour fréquemment afin de fluidifier le fonctionnement des navettes. Un jour, ces dernières pourront peut-être même se passer de la phase préalable de digitalisation du trajet. « Cette phase test, qui est menée dans des contextes très différents, permet également d’identifier toutes ces petites choses que les chauffeurs font et que nous devrons assurer autrement dans une navette complètement autonome, explique Dimitri Konstantas, coordinateur du projet Avenue. On peut par exemple penser aux situations dans lesquelles un passager sous influence ou mal intentionné monte dans le véhicule, ou encore à la saleté qui peut s’installer dans la navette si quelqu’un y renverse une boisson. La technologie nous aide déjà à régler certains problèmes, comme lorsque trop de personnes montent dans le bus et que celui-ci, équipé d’un système de pesée, refuse de démarrer. Il faudra qu’on trouve des solutions aux autres problèmes que géraient les chauffeurs. » 

Ces différentes évolutions devront toutefois se faire en préservant la sécurité des passagers, qui constitue la première priorité des opérateurs de transport. Or, l’une des éventuelles menaces auxquelles sont exposés les véhicules autonomes est liée à la cyber sécurité. De gros efforts ont également été faits à ce niveau, selon Georges Hilbert, qui garantit que le niveau de cryptage des systèmes informatiques qui contrôlent les véhicules Navya est comparable à celui des applications de web banking… 

 

[toggle title =”Harmoniser l’homologation“]L’un des objectifs poursuivis par le consortium Avenue est de parvenir à harmoniser les réglementations européennes concernant l’homologation des véhicules autonomes. « Aujourd’hui, un véhicule autonome ne peut pas avoir de certificat de conformité, document qui est reconnu à l’échelle européenne. Il faut donc passer par une agréation dans chaque pays, même quand il s’agit d’un seul et même véhicule », précise Georges Hilbert, ajoutant qu’au Luxembourg, la Société Nationale de Circulation Automobile et le ministère de la Mobilité et des Travaux publics ont homologué la navette autonome. Suite à la phase test, Navya espère que suffisamment de données auront été récoltées pour aboutir à la création d’une réglementation européenne unique qui faciliterait grandement la propagation de la mobilité autonome.[/toggle]

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