L’automatisation menacerait 52% des emplois au Luxembourg

En prenant en compte l’ensemble des emplois résidents au Luxembourg et des probabilités de robotisation, il s’avère que 99 807 d’emplois sur les 190 709 considérés dans une étude d’ING Luxembourg pourraient être robotisés. 52% des emplois pourraient donc être “menacés” par le progrès technologique et pourraient disparaître, du moins sous leur forme actuelle.

October 15, 2015

En prenant en compte l’ensemble des emplois résidents au Luxembourg et des probabilités de robotisation, il s’avère que 99 807 d’emplois sur les 190 709 considérés dans une étude d’ING Luxembourg pourraient être robotisés. 52% des emplois pourraient donc être “menacés” par le progrès technologique et pourraient disparaître, du moins sous leur forme actuelle.

Par Sébastien Lambotte

Jusqu’à quel point les métiers actuels, essentiellement issus du secteur des services, pourront-ils être robotisés ?

C’est ce à quoi s’est intéressé ING Luxembourg, reprenant la démarche de l’économiste Carl Frey et l’ingénieur Michael Osborne. Dans un article publié en 2013, dans lequel ils présentent les probabilités que différents types de métiers de l’économie américaine soient robotisés, les deux scientifiques avaient conclu que 47% des emplois aux Etats-Unis ont une probabilité élevée (supérieure à 70%) d’être robotisés. Et pour le Luxembourg ? « Sur base d’une répartition détaillée des emplois des résidents au Luxembourg, nous sommes en mesure de calculer le nombre d’emplois résidents qui, à terme, sont susceptibles d’être remplacés par des machines, des algorithmes ou des robots », commente ING Luxembourg.

En prenant en compte l’ensemble des emplois résidents au Luxembourg et des probabilités de robotisation, il s’avère que 99 807 d’emplois sur les 190 709 considérés dans cette étude pourraient être robotisés. 52% des emplois pourraient donc être “menacés” par le progrès technologique et pourraient disparaître, du moins sous leur forme actuelle.

Ces emplois « robotisables »

ING se concentre aussi sur le nombre absolu d’effectifs menacés par la robotisation. Les employés de type administratif arrivent encore en tête avec un nombre d’emploi robotisables de 23 028, soit près de 12% de l’emploi total au Luxembourg. Viennent ensuite les professions élémentaires (16 075 emplois robotisables soit 8,4% de l’emploi total au Luxembourg) puis le personnel des services directs aux particuliers, commerçants et vendeurs (15 525 emplois soit 8,1% de l’emploi total du Grand-Duché). Lorsque l’on s’intéresse aux classes de fonctions qui vont être le plus impactées, les employés de type administratif sont les plus exposés à la robotisation avec un risque de 93%. Les métiers qualifiés de l’industrie et de l’artisanat sont de lointains seconds, avec un risque de robotisation de 68%. Au contraire, les managers (13%) et les professions intellectuelles, scientifiques et artistiques sont les classes les moins susceptibles d’être robotisées (17%).

Le Grand-Duché plus touché que la Belgique

Observons ensuite quelles parts des emplois appartiennent à un métier à faible, moyenne ou forte probabilité de robotisation. Au total, 37% des emplois ont une forte probabilité de robotisation (supérieure à 70%), 30% des emplois ont une probabilité moyenne (entre 30% et 70%) et 33% ont une faible probabilité de robotisation (inférieure à 30%). Ces probabilités sont respectivement de 47%, 19% et 33% dans l’étude initiale de Frey et Osborne, et de 37%, 28% et 35% dans l’étude publiée par ING Belgique. « Le Grand-Duché semble donc moins touché par la robotisation que les Etats-Unis, mais un petit peu plus que la Belgique. Ces probabilités sont néanmoins très différentes entre les 9 classes de fonctions déjà évoquées. Par exemple, pour les fonctions de managers, il n’y a aucun emploi à haute probabilité de robotisation, alors qu’à l’inverse, dans la classe des employés de type administratif, 96% des emplois ont une haute probabilité de robotisation. Pour les agriculteurs et les ouvriers qualifiés de l’agriculture, ce pourcentage est de 46% », explique ING Luxembourg.

Cela dit, il est important de préciser que, par sa définition la robotisation signifie que certaines tâches concernées par le métier en question peuvent être robotisées. La robotisation pourrait alors créer de nouveaux métiers liés à la robotisation d’anciennes tâches, ce qui pourrait limiter les pertes d’emplois. De plus, il entraîne également une réorganisation constante des emplois dans l’économie, ce qui permet de libérer des postes pour que de nouvelles activités soient créées.

La créativité, elle, ne se robotise pas

Enfin, il est particulièrement vrai que la robotisation ne doit pas être vue exclusivement comme une menace lorsque l’on sait que les flux de nouveaux travailleurs frontaliers (plus jeunes que les travailleurs luxembourgeois) ne parviennent plus à ralentir le vieillissement de la population active au Luxembourg. Dès lors, la robotisation pourrait contrer les effets d’une telle évolution en compensant le manque de jeunes travailleurs. En effet comme déjà évoqué, le progrès technologique augmente la productivité et est une composante importante de la croissance économique.

« Les emplois faisant appel à la créativité tels que les fonctions managériales, intellectuelles ou scientifiques ou encore artistiques, plus souvent caractérisées par un haut degré de qualification, semblent plus à même de faire face à la nouvelle vague d’innovations », précise ING Luxembourg. « Cependant, les résultats de l’étude rendent bien compte de l’ampleur du défi qui attend notre société, et surtout dans les secteurs les plus exposés aux technologies de l’information. »

ING_infographie_robotisation

Lire l’étude complète et la présentation d’ING Luxembourg du 13-10-2015

Watch video

In the same category