La Turquie bloque Twitter, et menace Facebook et Youtube

Recep Tayyip Erdogan, Premier Ministre de la Turquie (en photo), a bloqué l’accès à Twitter jeudi dernier, pour des raisons officielles de sécurité. Après la publication dans la presse, Twitter, Facebook et sur Youtube d’enregistrements pirates de conversations sous fond de corruption, Recep Tayyip Erdogan s’en prend à Twitter. Etiqueté « Islamo-conservateur », ses menaces sont monnaie courante, mais cette fois il a été jusqu’au bout.

March 24, 2014

Recep Tayyip Erdogan, Premier Ministre de la Turquie (en photo), a bloqué l’accès à Twitter jeudi dernier, pour des raisons officielles de sécurité. Après la publication dans la presse, Twitter, Facebook et sur Youtube d’enregistrements pirates de conversations sous fond de corruption, Recep Tayyip Erdogan s’en prend à Twitter. Etiqueté « Islamo-conservateur », ses menaces sont monnaies courantes, mais cette fois il a été jusqu’au bout.

Twitter trinque en premier

Après avoir déclaré « si les responsables de Twitter continuent de ne pas appliquer les injonctions judiciaires et l’État de droit, nous n’aurons d’autres choix que d’empêcher l’accès à Twitter. Nous allons supprimer Twitter. Je me moque de ce que pourra dire la communauté internationale (…) Ils verront alors la force de la Turquie». Recep Tayyip Erdogan est resté inflexible.

Signe de son passage à l’action, des décisions de justice marquées de « Twitter.com » sont arrivées sur le site Internet de l’Autorité des télécoms turcs (TIB). Le BTK, l’organisme turc de régulation d’Internet, a par ailleurs demandé aux fournisseurs d’accès d’interdire à leurs clients d’accéder à Twitter.

Signe d’échec néanmoins, le hashtag #TwitterisblockedinTurkey, était en tête des tendances Monde.

Le Président de la Turquie et l’UE en soutien

Sur cette décision, les réponses sont nombreuses. Le Président Abdullah Gül a dénoncé ce filtrage et blocage des réseaux sociaux…via son Twitter : «on ne peut pas approuver le blocage total des réseaux sociaux (…) j’espère que cette situation ne durera pas longtemps».

Neelie Kroes, Vice-Présidente de la Commission européenne en charge des nouvelles technologies, s’est aussi exprimée au nom l’Union européenne et a critiqué ce blocage, qu’elle juge « sans fondement, inutile et lâche ». Après une interview sur CNBC, Neelie Kroes s’adressa au peuple de Turquie « Je veux que les gens et que les Twitterers de Turquie sachent que nous sommes avec eux. Ceci est contraire à la démocratie, contraire aux valeurs européennes. Ce n’est pas acceptable. Erdogan va dans la mauvaise direction. C’est à l’opposé de ce que le gouvernement Turc avait promis la dernière fois que je lui ai parlé. » Le tweet qu’elle fit ensuite devint son tweet le plus partagé : 1000 retweets en moins de 10 minutes

Une mesure rapidement contournée

Depuis vendredi les internautes turcs qui tentent de se connecter à Twitter sont déroutés vers un communiqué émanant de l’autorité des télécoms turcs. Mais, le site Twitturk, qui enregistre et classe les tweets, indique que plus de 500 000 tweets en turcs ont été publiés après 10 heures de blocage. Habituellement, en 24 heures, 1,8 millions de tweets en turcs sont publiés, il n’y a donc pas eu de baisse à ce niveau. Les astuces communiquées sont nombreuses :

  • les réseaux privés virtuels permettent d’accéder à Twitter via une connexion à un ordinateur hors de Turquie,
  • d’autres internautes peuvent modifier les réglages DNS de leur connexion. Cela empêche aussi, dans une certaine mesure, que le fournisseur d’accès détecte que son client désire se rendre sur Twitter,
  • Twitter lui même a mis en place une procédure alternative, permettant aux utilisateurs turcs de tweeter en envoyant des SMS.

40 000 cas semblables de censure et plus

Twitter n’est pas un cas isolé. Selon le site turc Engelliweb, qui répertorie les sites bloqués par les autorités, ils seraient plus de 40 000 dans ce cas. Recep Tayyip Erdogan a aussi affirmé que Youtube et Facebook pourraient connaître le même sort dès fin mars pour les élections municipales. “Moi-même et certains de mes amis, pas tous, sommes déterminés sur ce sujet. Nous n’allons pas laisser cette nation à la merci de YouTube et Facebook”, a-t-il déclaré.

Officiellement une question de sécurité, les raisons sont plus proches d’un réel scandale politico-financier. Dans les enregistrements, le Premier Ministre ordonne à son fils la dissimulation de sommes d’argent, ou évoque le montant jugé peu élevé de certaines commissions. D’abord dénoncées comme des « montages », Recep Tayyip Erdogan en a reconnu certains. L’oppostion est en colère, plusieurs manifestations déferlent dans les grandes villes, les citoyens exigent sa démission : une révolte sur fond de tweets qui profite à Twitter plus que de lui nuire.

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