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La difficile transposition de l’expérience culturelle vivante

Parmi tous les secteurs impactés par la crise du Covid-19, celui de la culture est sans conteste l’un des plus durement touchés. Si les acteurs de ce secteur ont tenté de faire preuve d’inventivité pour s’adapter, faire vivre une expérience culturelle avec toutes les dimensions que le présentiel offre est difficile par voie numérique. Alors que certaines structures sont en danger, il faudra pouvoir se réinventer au sortir de la crise.

May 13, 2021

Sam Tanson, Ministre de la Culture – Grand Duché de Luxembourg © SIP : Yves Kortum

Il reviendra au secteur des arts et de la culture d’inventer encore d’autres nouveaux modèles au sortir de cette pandémie.

« Toutes ces initiatives artistiques et populaires sur le net qui font souvent preuve d’un remarquable talent et d’un véritable esprit d’innovation, ne sauront néanmoins jamais se substituer à l’expérience culturelle vivante : la visite d’un musée, d’une salle de concert ou d’un théâtre. » Ces mots sont ceux des responsables des principales structures dédiées à la culture dans le pays. Au mois d’avril 2020, ils interpellaient la ministre de la Culture Sam Tanson pour lui demander de donner à ce secteur la place qu’il mérite au sortir de la crise. Sans doute ne s’imaginaient-ils pas que, presque un an plus tard, nous ne serions toujours pas tirés d’affaire. A travers ces quelques mots, on comprend bien quel est le noeud du problème : toute l’inventivité du monde ne suffira pas à partager, à distance, toutes les dimensions de l’expérience culturelle vivante.

DE MULTIPLES TENTATIVES

Depuis le début de la crise, de nombreux acteurs de la culture, au Luxembourg comme ailleurs, ont toutefois tenté de proposer des alternatives au spectacle ou à l’exposition en présentiel. On peut par exemple citer l’exemple français de L’Amour de loin, un festival digital dédié à l’opéra et au ballet qui a tout de même réussi l’exploit de réunir 400.000 « festivaliers ». En matière de visibilité, cette formule a sans doute fait mieux qu’un festival en présentiel sur le même thème. De quoi, peut-être, donner des idées aux promoteurs de l’opéra en France. Il reste que cette formule est un peu courte aux yeux de la majorité des acteurs et des suiveurs  de la culture. Une partie importante de l’expérience qu’on vit lorsqu’on assiste à un opéra est intransmissible par voie digitale.

LA QUESTION DE LA RENTABILITÉ

Au Luxembourg, contrairement à ce qui s’est passé dans d’autres pays, les théâtres, cinémas et salles de spectacle ont eu l’opportunité de rouvrir leurs portes, moyennant le respect de normes sanitaires strictes : pas plus de 100 personnes par salle, une distance de deux mètres entre les spectateurs, etc.

Dans ces conditions, des acteurs majeurs de la scène culturelle luxembourgeoise comme la Rockhal ou den Atelier ont testé, avec plus ou moins de succès, des formules intimistes. Mais le fait est que celles-ci n’offrent pas les mêmes sensations que les habituels bains de foule que constituent généralement des concerts. Elles ne peuvent pas non plus convenir à tous les artistes. Enfin, ces événements avec assistance réduite – qu’il s’agisse de musique ou de théâtre, par exemple – posent la question de la rentabilité : est-il viable pour une structure dont les frais sont à peu près fixes de n’accueillir qu’un public clairsemé à chaque concert ou représentation ?

UN AVENIR EN POINTILLÉS

Après plus d’un an de fermeture ou de fonctionnement en mode mineur, les structures dédiées à la culture sont, pour certaines en tout cas, en délicate position. Des questions se posent donc sur l’état du paysage culturel luxembourgeois une fois la crise derrière nous. Si certains acteurs disparaissent, les besoins en culture seront eux toujours présents. Et peut-être plus encore qu’auparavant.

Dans leur lettre commune à la ministre Tanson, les responsables des principales institutions culturelles luxembourgeoises expliquaient qu’ « il reviendra au secteur des arts et de la culture d’inventer encore d’autres nouveaux modèles au sortir de cette pandémie ». Un an plus tard, cette déclaration apparaît plus juste encore…

 

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