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Keytrade ouvre un accès direct au robo-advising

Keytrade Bank Luxembourg a présenté ce mercredi KeyPrivate.

April 27, 2017

keyprivate-performances-graphKeytrade Bank Luxembourg a présenté ce mercredi KeyPrivate. Il s’agit de la première offre de service de gestion discrétionnaire accessible au grand public (à partir de 15.000 euros d’actifs investis) et directement opérée par un robot. Une première au Luxembourg. – Par Sébastien Lambotte 

 La gestion de fortune est réputée pour ne pas être accessible au tout venant. Pour profiter des services d’un banquier privé, il fallait jusqu’à présent avoir quelques dizaines de milliers d’euros, voire quelques centaines de milliers d’euros à investir. Cependant, dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, la technologie semble faire bouger les lignes. Et Keytrade Bank veut lancer un pavé dans l’univers cossu de la banque privée. Mercredi, la filiale luxembourgeoise de l’acteur bancaire présentait une nouvelle offre de gestion discrétionnaire s’appuyant directement sur un robo-advisor. « Nous sommes heureux d’être les premiers à pouvoir proposer une telle offre au départ du Luxembourg, commentaire Thibault De Barsy, CEO de Keytrade Luxembourg. Si tout le monde parle de robo-advisor au Luxembourg, aucune offre n’était encore directement accessible pour les investisseurs privés sur le marché. »

Ses actifs confiés à un programme informatique

debarsy-jodin-1L’offre de gestion discrétionnaire établie par Keytrade Bank s’appuie sur un logiciel d’aide à l’investissement, un algorithme développé par une spin-off de l’Université de Liège baptisée Gambit. Autrement dit, c’est à un programme informatique que l’on confie, à travers ce contrat de contrat de gestion discrétionnaire établi avec Keytrade, le soin de gérer ses investissements. Au départ d’un questionnaire en ligne, similaire à celui que vous soumettrait un banquier privé, le profil de risque du candidat-investisseur est établi automatiquement. Selon les sommes investies, à partir de 15.000 euros, la durée envisagée de l’investissement, en tenant compte du profil de risque, le robot est en mesure de répartir les actifs à travers un portefeuille, avec la volonté d’optimiser le rendement.

Une large diversification

« Le robot investit dans un portefeuille composé de 12 trackers, entre actions et obligations, l’or et les matières premières, en préservant une part de liquidité. Selon les évolutions des rendements et l’acceptation du risque du client, le robo-advisor répartira les investissements selon les classes d’actifs, offrant la possibilité d’une diversification mondiale des investissements », poursuit le CEO. Les trackers sont ceux proposés par Blacrock et Amundi, ainsi que ceux d’EFT Securities pour les matières premières.

Chaque mois, le robot effectue de nouveaux calculs, considérant l’évolution des trackers, afin de procéder aux ajustements opportuns au sein du portefeuille de chaque client. L’humain, cependant, n’est pas absent du processus. « En effet, le robot est supervisé par un comité d’investissement composé de 6 experts « bien humains », qui ont pour mission de valider chaque rééquilibrage des portefeuilles », poursuit Thibault De Barsy. D’autre part, si le robot établi la répartition au niveau du portefeuille, ce n’est pas lui qui effectue directement les transactions.

Travailler avec le robot

Le comité d’investissement, pour sa part, n’est pas là pour diriger le travail du robot, mais pour lui apporter un input supplémentaire. « L’algorithme s’appuie sur des fondements académiques solides (et notamment la Modern Portfolio Theroy établie par Harry Markowitz, ndlr), en analysant l’évolution des rendements. Toutefois, il ne peut pas prendre en compte des éléments extérieurs, comme des enjeux géopolitiques majeurs, comme le Brexit ou les élections américaines, qui pourront avoir une influence sur les performances, explique Léon Kirch, membre du comité d’investissement. Nous sommes présents pour valider les propositions effectuées par le robot, mais aussi pour partager avec lui certains signaux forts, qu’il est important de prendre en considération. L’objectif est de travailler avec le robot, de pouvoir enrichir le modèle à partir duquel il fonctionne. »

Deux à trois fois moins cher

La technologie de robo-advising directement intégrée à une offre bancaire vient donc faciliter l’accès à la gestion discrétionnaire. On peut profiter de l’offre à partir d’un montant de 15.000 euros d’actifs investis. D’autre part, les frais sont fixes, établis à 0,75% HTVA du montant des actifs sous gestion par an. Pas de droit de garde, pas de frais de transaction supplémentaires. « On estime que le tarif, au final, est deux à trois fois moins cher que ce qui est facturé actuellement au niveau de la gestion discrétionnaire traditionnelle », précise Stéphane Jodin, administrateur de Keytrade Bank Luxembourg. Grâce au robot, le portefeuille de chaque client est réévalué chaque mois. Afin d’optimiser les rendements, le client profite d’un rééquilibrage permanent.

Cette offre, lancée en Belgique l’année passée, a livré un rendement de 11,97% sur 14 mois.

Capter une nouvelle clientèle

L’arrivé d’une telle offre, portée par la technologie de robo-advising, est-elle de nature à mettre en danger le métier de gestionnaire de fortune traditionnel ? Keytrade Bank Luxembourg ne dit pas le contraire, tout en reconnaissant que dans le domaine, le changement s’opère lentement et qu’il n’est pas forcément évident de détourner les clients de leur conseiller historique. L’acteur digital espère donc avant tout  toucher une nouvelle catégorie de clients qui ne peut pas aujourd’hui profiter d’un tel service. Il compte d’autre part convaincre les bénéficiaires de service de gestion de fortune de venir tester cette plateforme innovante. A un horizon de deux à trois ans, l’acteur bancaire espère pouvoir capter 100 millions d’actifs sous gestion à travers cette nouvelle offre.

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