Il faut faciliter l’accueil des entreprises digitales qui veulent s’installer en Europe

Gérard Hoffmann préconise la mise en place d’une agence nationale, pour faciliter l'installation de nouvelle entreprises à Luxembourg.

October 22, 2015

Telindus renforce sa présence dans la Silicon Valley afin de capter des start-ups désireuses de développer leur activité en Europe. Gérard Hoffmann, Président & Administrateur délégué de Telindus Luxembourg, invité de la rédaction d’ITnation, évoque cette démarche, mais aussi les enjeux pour attirer les acteurs désireux de s’implanter en Europe. Il préconise la mise en place d’une agence nationale, pour soutenir le travail de prospection des acteurs du secteur privé. Il évoque aussi le cloud luxembourgeois et ses développements.  

Par Sebastien Lambotte  

Telindus est présent dans la Silicon Valley. Pouvez-vous nous expliquer les objectifs derrière cet investissement ?

Nous développons une présence en Californie depuis août 2013, en ayant recours à des agents ou des freelances. Mais nous renforçons actuellement cette présence, avec un permanent sur place. A travers cette démarche, nous poursuivons plusieurs objectifs. Tout d’abord nous prospectons en allant à la rencontre d’une clientèle désireuse de développer ses activités en Europe et qui pourrait envisager le Luxembourg comme une plateforme pour activer le marché. Ces acteurs, souvent de petites tailles, sont nombreux, notamment ceux développant des services pour le secteur financier. Nous devons ainsi les convaincre que le cadre luxembourgeois, avec son ouverture internationale, est idéal pour développer des activités sur le marché européen, mais aussi les accompagner dans leurs démarches d’installation, en vue d’obtenir les licences adéquates auprès du régulateur. Le deuxième grand objectif, derrière notre présence en Silicon Valley, est d’entretenir les relations que nous avons avec les grands constructeurs américains, afin de pouvoir rester au courant des derniers développements et des tendances, dans le but de pouvoir proposer de nouveaux et meilleurs services en s’appuyant sur les technologies qu’ils développent. 

Aujourd’hui, en quoi une telle présence est de nature à alimenter la croissance de Telindus au Luxembourg et en Europe ?

Nous ne sommes plus uniquement un intégrateur d’infrastructures, comme c’était le cas il y plusieurs années, mais un provider de services IT.

Aujourd’hui, notre premier moteur de croissance ne réside pas dans l’accueil et l’accompagnement que nous pouvons offrir aux startups. Notre croissance est principalement alimentée par l’outsourcing IT de la place financière qui cherche des solutions sécurisées, performantes et économiques. Notre développement s’axe principalement sur les services que nous pouvons proposer pour les accompagner. Nous ne sommes plus uniquement un intégrateur d’infrastructures, comme c’était le cas il y plusieurs années, mais un provider de services IT, répondant à des enjeux complexes autour du cloud, de la connectivité, de la sécurité. Cela dit, quand on sait que 90% des startups qui se créent et prospèrent passent par la Silicon Valley, c’est important pour nous d’être en Californie dans l’espoir de soutenir de futurs grands acteurs dans leur développement international. 

Aujourd’hui, comment le Luxembourg parvient-il à capter ces nouveaux acteurs ? Est-ce facile ?

Le pays manque de réactivité commerciale, si bien que des activités partent ailleurs.

Pour convaincre, il faut réunir un éventail de conditions. Nous avons l’infrastructure et les compétences. Ce n’est pas là qu’est le problème. En revanche, le pays manque de réactivité commerciale, si bien que des activités partent ailleurs. On ne fait pas un suffisamment bon marketing de la Place. Si les acteurs privés travaillent, prospectent, développent des initiatives, avec beaucoup de choses qui fonctionnent, les délais et les démarches, pour l’installation d’une start-up au Grand-Duché et le développement de son activité restent encore fastidieuses. Il manque, en la matière, une agence nationale dédiée aux acteurs de l’ICT, qui puisse à la fois mieux guider ceux qui désirent s’installer au Luxembourg et assurer une promotion coordonnée de la Place, à l’instar de ce que fait Luxembourg for Finance pour le secteur financier. Considérant le poids grandissant de la technologie dans le maintien et le développement d’activités business, dans le développement d’un single digital market européen, si nous voulons tirer notre épingle du jeu, nous devons faire mieux.

Comment parvenir, avec des services cloud, à se différencier de géants, qui disposent de ressources supérieures, et qui offre sans doute une flexibilité accrue à leurs clients ?

Notre métier évolue aussi vers celui d’intégrateur de solutions cloud.

Nous devons nous différencier par la qualité de nos services. Certes, nous sommes plus chers que des acteurs roumains ou indiens, si l’on regarde l’accès à des ressources. Mais nous proposons plus que cela. Notre offre IT s’accompagne d’une expertise forte. Nous livrons des services répondants à une large variété de besoins métiers, nous offrons la capacité à des acteurs de petite ou de grande taille de gagner en efficacité, d’opérer leur transformation digitale. Demain, c’est l’expertise qui doit nous permettre de maintenir notre activité et de la développer, plus qu’une régulation ou des mesures protectionnistes. Dans un monde globalisé, une régulation sur la localisation géographique des données doit sans doute gagner en flexibilité ou du moins évoluer. Cela dit, cela ne doit pas nous empêcher de trouver des solutions pour offrir plus de flexibilité à nos clients. D’autre part, l’idée poursuivie est aussi d’inscrire notre offre dans une logique de cloud avec des partenaires internationaux. On négocie avec de grands acteurs, aujourd’hui intéressés d’avoir, dans leur offre, des solutions qui répondent à des enjeux de régulations diverses. A travers des portes d’entrée plus globales, mises en place par des géants, nous pouvons valoriser nos offres. Le client, dès lors, peut choisir ses ressources en fonction de ses besoins, de ses exigences en termes de garanties et de compétences. L’enjeu, à l’avenir, sera de mieux interconnecter diverses offres cloud, tout en assurant les garanties requises par le client. A ce niveau, notre métier évolue aussi vers celui d’intégrateur de solutions cloud.

Watch video

In the same category