Facebook flambe 16 milliards de dollars pour WhatsApp

L’application de messagerie instantanée WhatsApp est tombée dans l’escarcelle de Facebook en devenant la plus important acquisition pour le réseau social qui a déboursé un total d'environ 16 milliards de dollars, auxquels il faut ajouter 3 milliards de dollars en actions attribuées aux fondateurs et aux employés et à verser sous les quatre ans. La somme a été repartie en cash (4 milliards) et en actions Facebook (12 milliards).

February 20, 2014

L’application de messagerie instantanée WhatsApp est tombée dans l’escarcelle de Facebook en devenant la plus important acquisition pour le réseau social qui a déboursé un total d’environ 16 milliards de dollars, auxquels il faut ajouter 3 milliards de dollars en actions attribuées aux fondateurs et aux employés et à verser sous les quatre ans. La somme a été repartie en cash (4 milliards) et en actions Facebook (12 milliards).

À titre de comparaison, le japonais Rakuten a dépensé 900 millions de dollars pour s’offrir Viber l’application de messagerie instantanée de 300 millions membres la semaine dernière. Google avait, lui, dépensé près d’un milliard pour Waze l’année dernière, une application de social-GPS. Cette flambée d’argent valorise chaque utilisateur WhatsApp de 42 dollars quand ceux de Skype frôlaient seulement les 15 dollars lors de son acquisition en 2011. Pour rappel, le leader de la messagerie avait été acheté pour 8,5 milliards par Microsoft.

Belle vitrine WhatsApp

Du haut de ses cinq ans, WhatsApp affiche une progression de plus de 100% durant l’année pour tous ses services (200 millions d’échanges de messages vocaux, 100 millions de messages vidéo et 600 millions de photos). Le volume global de messages échangés approcherait, chaque jour, la quantité globale de SMS envoyés dans le monde : 19 milliards. Elle est forte de 450 millions d’utilisateurs par mois dont 70% actifs au quotidien et elle recruterait plus d’un million de nouveaux utilisateurs par jour, ce qui devrait lui faire atteindre le milliard d’abonnés très bientôt.

What’s up, WhatsApp ?

Et les valeurs premières de WhatsApp, « no adds no games no gimmick » ? S’allier à Facebook va-t-il à l’encontre des valeurs défendues au début ? Sur le site, à propos de WhatsApp, on pouvait lire « Advertising isn’t just the disruption of aesthetics, the insults to your intelligence and the interruption of your train of thought. Your data isn’t even in the picture. We are simply not interested in any of it ». Peut être l’effet des 19 milliards dollars.

Un retournement alors qu’en décembre dernier, Jan Koum, fondateur et dirigeant de WhatsApp (en photo) avait dit : « Bien que nous soyons capables de gagner de l’argent aujourd’hui, nous ne sommes pas concentrés sur la monétisation. Nous la voyons à cinq ou dix ans ». Jan Koum entrera par ailleurs au conseil d’administration de Facebook qui reversera 2 milliards de dollars d’indemnités à WhatsApp en cas d’échec.

Comme avec Instagram ?

Comme pour l’acquisition d’Instagram (715 millions de dollars en 2012), les utilisateurs se demande si WhatsApp subira des changements. Facebook a simplement indiqué que des services complémentaires du sien pourraient progresser tout en profitant de ses ressources et de sa puissance. Tout comme avec Instagram, WhatsApp gardera une autonomie et conservera ses différentes applications aux côtés de l’actuelle application Messenger développée par Facebook. Mark Zuckerberg avait tout de même ajouté « dans la mesure où WhatsApp et Messenger répondent à des besoins différents et importants, nous continuerons à investir dans les deux ».

Aujourd’hui, WhatsApp est gratuit, de façon illimitée, pendant douze mois, puis facturé 0,99 dollar par an. Et demain ? «WhatsApp est en passe de connecter un milliard de personnes. Les services qui atteignent ce niveau ont tous une valeur incroyable, annonçait Mark Zuckerberg. C’est un produit d’extrêmement haute qualité et un réseau de communication très important, très populaire notamment en Europe ou en Amérique latine. Sur la durée, les gens paieront pour cela ». Normalement, le rachat devait surtout appuyer l’expansion et non le profit.

Avec cette acquisition, Facebook prouve qu’elle est désormais une grosse structure financière. Pour une société de 10 ans qui ne réalise des bénéfices que depuis un an seulement, il s’agit d’une énorme mise. Peut-être pour se consoler de ne pas pouvoir acheté Snapchat qui a refusé son offre à 3 milliards de dollars. Plus qu’une mise, c’est un pari, dans le monde des réseaux sociaux les modes passent vite, Facebook œuvre dans une bulle Internet. Facebook aurait-il déjà trop vieilli en 10 ans ? Pour reconquérir les jeunes, Instagram ne suffira pas, WhatsApp sera peut être l’arme parfaite dans sa guerre contre Twitter.

Jan Koum, WhatsApp, lors de la Digital Life Design (DLD) Conference à Munich en janvier dernier.
©Photo: HBM / Picture Alliance

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