TRANSFORMATION & ORGANISATION

eSkills, état des lieux du poison de l’économie digitale

Le deuxième APSI Day de l’année s’est déroulé hier, 26 juin sur le thème “la situation des eSkills au Luxembourg – Témoignages d’acteurs privés et publics”. Une première occasion de regrouper différents acteurs pour un état des lieux des difficultés connues mais aussi des initiatives engagées pour y faire face.

June 30, 2016

apsi-dayLe deuxième APSI Day de l’année s’est déroulé hier, 26 juin sur le thème “la situation des eSkills au Luxembourg – Témoignages d’acteurs privés et publics”. Une première occasion de regrouper différents acteurs pour un état des lieux des difficultés connues mais aussi des initiatives engagées pour y faire face.

Après plusieurs conférences sur le thème des FinTech et autres technologies, c’est naturellement que l’APSI organisait une conférence sur le problème des eSkills nécessaires à ces dernières. Nico Binsfeld, CEO House of training, Administrateur du Centre de Compétences ICT – LID-IT, Vice-Président APSI, ouvrait la séance avec un état des lieux de la situation au Luxembourg : des difficultés tenaces comme le manque de vivier, des initiatives positives de formations sur tous les publics mais toujours beaucoup d’inquiétudes sur le court terme. La force du pays ? Avoir un gouvernement engagé qui ne lésine pas sur l’information et la sensibilisation de tous les publics.

Un pays digital sans professionnels ?

Le comble au Luxembourg ? Le pays est dans les 3 premiers pays d’Europe depuis plusieurs années à être le plus digital : accès à internet, utilisation d’internet, déploiement de la fibre… A côté de ces médailles, il reste dans les bons derniers (80ème mondial) pour la formation des personnes (professeurs compris) et leur niveau de compétence…

Un pays qui se digitalise mais qui n’enseigne pas les ICT ? Dr. Serge Linckels, Ministère de l’Education Nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse témoigne du contraire en présentant des outils pédagogiques innovants comme MathemaTIC, eduSphere et les Maker Space pour amener le digital aux jeunes et ne plus les laisser passifs face à la technologie mais actifs dès le plus jeune âge. Daniel Eischen, BBC TMT group chair, présentait Apps for Good, un concours de projet digital ouvert aux écoles et venu du Royaume-Unis pour permettre aux étudiants (25 000 en 2015 au UK) de réaliser un application mais aussi d’acquérir des soft-skills comme la gestion de projet, etc. Une initiative qui est encore en discussion pour être dupliquée au Luxembourg. Le gouvernement est donc bien décidé à assurer son avenir.

Problématique européenne, solutions locales

La moitié des pays européens affirment ne pas avoir les compétences nécessaires pour aborder les sujets majeurs des prochaines années : mobilité, social, cloud, big data et analytics, IoT. Au total, l’Europe aurait besoin de plus de 825 000 professionnels de l’IT mais déclare que 90% des emplois ont, dans tous les cas, besoin de compétences digitales, au Grand-Duché 60% des entreprises confirment avoir des difficultés à trouver ces talents (plus toutes les personnes présentes dans la salle ce jour là) : un mal collectif qui ronge l’économie…

Face à ces besoins, seulement 9,5% des étudiants ont été diplômés dans ces domaines de 2006 à 2014 en Europe. Au Luxembourg, Dr. Serge Linckels, Ministère de l’Education Nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse explique que les écoles ne peuvent fournir qu’une centaine de personnes par an. Yves Lepage, CEO de Webforce3 annonçait le succès de ce programme de formations accélérées (490h) qui formera jusque 18 personnes tous les 3 mois environ au développement et à l’intégration web…nous sommes loin des 800 demandés par la Place.

Sur le court terme, l’enseignement n’est donc pas encore en mesure de fournir suffisamment de personnes ou de les former en continue. A l’échelle du pays, le Luxembourg ne se suffira pas à lui-même mais le but est d’être moins dépendant des autres pays. Présents également ce soir là : Kliber l’application pour postuler et Girls In Tech pour soutenir les femmes dans l’IT, deux ambassadeurs de nouvelles façon de penser et d’agir.

Pour les 800 personnes demandés en 2016 et les milliers à venir, l’ADEM ne dispose pas de profils suffisamment qualifiés pour des postes aux compétences spécifiques (sécurité, analytics par exemple). Des postes sur lesquels les juniors ne conviennent pas non plus. Beaucoup de postes également où la langue pose problème : des cours qui sont en Allemand mais des postes où l’Anglais est essentiel et des pays voisins comme la France qui ne maîtrisent ni l’un ni l’autre…Les intervenants sont formels : toutes les personnes doivent participer à ce chantier colossal et continu en rendant compte des profils qui leur sont nécessaires, en mutualisant leurs formations et ainsi participer à une meilleure image globale plus précise pour cibler les solutions.

Former et être innovants sur les outils – Sensibiliser et changer les mentalités – Accompagner et toucher tous les publics – Anticiper les besoins- Collaborer à tous les niveaux : un plan d’action, un engagement

Le rôle du Centre de Compétences

Centre de compétenceUn Centre de Compétences a été crée en novembre 2015 pour mutualiser les efforts, recenser les besoins et créer une coalition nationale autour du problème à l’image du projet « Grand Coalition For Digital Jobs » lancé en mars par la Commission Européenne.

Le but étant de fédérer un maximum d’acteurs différents : Université, ADEM, gouvernement, entreprises, fournisseurs, etc, tout le pays est appelé à participer. Ce projet est porté par la Fédération des Intégrateurs, représentant ICTluxembourg, le Centre de Compétences GTB, la House of Training et l’ISEC.

Vincent Lekens, son Président confirme que ce cercle vicieux présente un risque important pour l’économie du pays et détaillait 6 points forts du Centre de Compétences

  • Avoir une compétitivité durable
  • Palier au problème de surenchère des salaires
  • Pouvoir assurer une formation continue au lieu de financer des formations outsourcer aux Etat-Unis ou en Inde par exemple
  • Palier à l’écart qui se creuse entre les domaines : le niveau de digitalisation n’est pas le même entre l’artisanat, la finance, etc
  • Lisser les niveaux de formations et les reconnaître pour l’employabilité de leurs participants.

« Rechercher ces talents à l’étranger est de plus en plus difficile mais les entreprises ne peuvent pas indéfiniment les débaucher entre elles. Le Centre de Compétences doit être au cœur de tous les acteurs comme structure structurante et moteur, » concluait-il.

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