TRANSFORMATION & ORGANISATION
Considérer la création de valeur… dans toutes ses dimensions
Jusqu’à présent, la performance d’une entreprise, la valeur qu’elle génère, est considérée à l’aune de ses indicateurs financiers. Dans une approche durable, toutefois, il apparait nécessaire de questionner ce concept de valeur créée.
October 27, 2022
Jusqu’à présent, la performance d’une entreprise, la valeur qu’elle génère, est considérée à l’aune de ses indicateurs financiers. Dans une approche durable, toutefois, il apparait nécessaire de questionner ce concept de valeur créée.
Le principe de « création de valeur partagée », défini par les chercheurs de la Harvard Business School Mark R. Kramer et Michael E. Porter, co-auteurs de plusieurs articles sur le sujet, invite les entreprises à rompre avec les vieux concepts. « L’approche traditionnelle a été développée à une époque où les chefs d’entreprise considéraient que l’impact social et environnemental n’était pas pertinent pour la performance économique et la stratégie concurrentielle de leurs entreprises, explique Mark R. Kramer. Nous savons maintenant que ces dimensions sont importantes pour le succès d’une entreprise et qu’elles peuvent être une source de création de valeur. »
L’idée est dès lors de promouvoir un modèle de création de valeur plus large et plus inclusif, au service de l’intérêt collectif. Le concept de valeur partagée désigne ainsi les politiques et pratiques qui améliorent les performances économiques de l’entreprise en créant un impact social et environnemental positif dans les régions où elle opère. Il se distingue à ce titre de la RSE, qui tend à se concentrer sur l’atténuation des dommages causés par les produits ou les activités de l’entreprise. Au contraire, la valeur partagée consiste à différencier l’entreprise qui, par exemple, s’attaque aux problèmes sociaux dans l’optique de proposer de nouveaux produits, d’accéder à de nouveaux marchés, à une plus grande productivité dans la chaîne de valeur et à un environnement concurrentiel plus sain.
Les lois de la physique précisent que « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Nous disposons donc de ressources limitées, qu’elles soient financières, économiques, environnementales ou humaines. On peut dès lors considérer que chaque action ou décision prise par une entreprise va affecter le capital d’une de ces catégories de ressources, à la hausse ou la baisse. Une activité, pour générer des revenus financiers, va par exemple exiger de puiser dans les ressources naturelles ou humaines, d’émettre du CO2. Elle affecte le capital humain ou environnemental disponible. Une autre, au contraire, peut générer du capital sociétal, en améliorant le bien-être et la santé, en développant les connaissances, en facilitant l’accès à la culture. Il est possible de générer du capital environnemental en contribuant à réduire les émissions de CO2 ou à préserver la biodiversité. « L’entreprise est entièrement dépendante de la société pour toutes les ressources dont elle a besoin, rappelle l’INDR, dans son guide ESR. Une société saine et prospère est nécessaire au bon fonctionnement des entreprises. » Considérer la valeur dans toutes ces dimensions est dès lors de nature à promouvoir d’autres approches, vertueuses pour tous.
Mettre en œuvre un modèle durable
Dans le cadre de son Luxembourg Sustainable Business Manifesto, la Chambre de Commerce, ses membres, avec l’appui de ses partenaires, entendent soutenir chaque entreprise souhaitant adopter un modèle durable à travers la mise en œuvre de 10 engagements interconnectés.
#1 Définir et publier sa raison d’être compatible avec le développement durable.
#2 Intégrer les critères Environnementaux, Sociétaux et de Gouvernance (ESG) au coeur de la stratégie et du modèle d’affaires.
#3 Renforcer sa gouvernance d’entreprise pour s’assurer de la prise en compte des critères ESG dans la stratégie d’entreprise et piloter son avancement.
#4 Evaluer conjointement la performance de l’entreprise à travers des indicateurs financiers et extra-financiers.
#5 Innover et investir de manière responsable pour développer des opportunités de croissance.
#6 Piloter la création de valeur pour l’ensemble des parties prenantes.
#7 Contribuer à la décarbonation de l’économie en développant une trajectoire zéroémission nette.
#8 Insérer la démarche d’économie circulaire dans le modèle d’entreprise.
#9 Adopter une diligence raisonnable en matière de droits de l’homme et d’impacts environnementaux tout au long de la chaine de valeur de l’entreprise.
#10 Inclure et positionner les «collabor’acteurs» dans la démarche de développement durable et favoriser leur engagement.
