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Le CIO se fait créateur de valeur

Harvey Nash et KPMG viennent de dévoiler les résultats de leur étude annuelle menée auprès des CIOs*. Cette nouvelle édition révèle le rôle de plus en plus important occupé par les dirigeants IT

August 16, 2016

Harvey Nash et KPMG viennent de dévoiler les résultats de leur étude annuelle menée auprès des CIOs*. Cette nouvelle édition révèle le rôle de plus en plus important occupé par les dirigeants IT au service de la création de valeur business. Par Sébastien Lambotte pour l’édition ITnation Mag Juillet 2016

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Partout à travers le monde, le rôle du CIO évolue. C’est la principale révélation de la dernière édition de la CIO Survey, menée pour la 18e année consécutive par Harvey Nash Group et KPMG. 3352 CIOs issus de 82 pays ont répondu au questionnaire qui leur a été adressé en ligne par les deux co-auteurs de l’étude. Cet échantillon important fait sans aucun doute de cette étude une des plus légitimes du genre. Au Luxembourg, une vingtaine de CIO a accepté de répondre aux questions posées.

Moteur du changement

jean_francois_gueldre« D’une position de gestionnaire des opérations, qui s’assure que la lumière reste allumée, le CIO acquiert un rôle toujours plus important de créateur de valeur business, commente Jean-François Gueldre, Manager, IT Advisory chez KPMG Luxembourg. Il devient un des moteurs du changement dans un contexte global de transformation digitale. Les CIOs sont de plus en plus proches du CEO, alors que par le passé leur supérieur était plus généralement le CFO ou le COO. Le CIO est aussi de plus en plus présent dans les comités de direction des entreprises. »
 En effet, l’étude révèle que 34% des
 CIOs rapportent désormais directement au CEO et que 57% d’entre eux participent au board. « Ce taux, en forte progression (38% en 2005 et 42% en 2010) est révélateur de plus grandes attentes
 du business à l’égard des dirigeants IT », précise Vincent Koller, Partner du département Advisory chez KPMG. Une grande majorité (67%) des CIO espère voir la dimension stratégique de leur 
rôle se renforcer en 2016. « Les priorités évoluent. Aujourd’hui, quatre CIOs sur dix déclarent passer une journée par semaine en dehors du département IT, en vue de se rapprocher du business », précise Geoffroy Gailly, Partner de KPMG Luxembourg. L’étude révèle notamment que le renforcement de l’engagement avec le client constitue une priorité de plus en plus importante. On notera cependant que, au Luxembourg, pour 84% des CIOs interrogés, la principale priorité reste l’efficacité opérationnelle.

24% ont un Chief Digital Officer

jerome_bernardSi les projets IT susceptibles de créer de la valeur sont aujourd’hui considérés avec un intérêt grandissant, la transformation numérique du business constitue un défi important et pas forcément simple à appréhender. Selon l’étude, 35% des entreprises se sont dotées d’une stratégie digitale largement intégrée (contre 27% l’année dernière). « On note qu’une organisation sur cinq emploie un Chief Digital Officer (CDO), soit 2% de plus que lors de l’étude précédente », détaille Jérôme Bernard, Associate Partner de KPMG Luxembourg. Au Grand-Duché, 24% des acteurs interrogés déclarent avoir mis en place un CDO 
au sein de leur organisation pour
 mieux répondre aux problématiques de transformation du business.
 Le Luxembourg se distingue positivement des autres pays si l’on considère les moyens mis à la disposition des CIOs. « 60% des CIO luxembourgeois disposent de budgets clairs pour releverles défis IT, des budgets en augmentation. Alors que, si l’on considère les réponses de l’ensemble des CIOs, seulement 31% déclarent disposer d’un budget clair », ajoute Jérôme Bernard.

Le cloud à la peine au Luxembourg

geoffroy_gaillySur le plan technologique, l’étude révèle par contre que le Luxembourg peine à migrer vers le cloud. Alors que 60% des CIOs de la planète planifient des investissements dans le cloud, au Luxembourg, ce taux n’atteint que 33%. « Pour le coup, nous sommes à la traine. Seule la Grèce fait moins bien que le Luxembourg, assure Jean-François Gueldre. Bien évidemment, les exigences du régulateur du secteur financier constituent un frein à l’adoption du cloud par les acteurs luxembourgeois. »
Aujourd’hui, le marché luxembourgeois, considérant sa taille, ne parvient pas à proposer d’offres cloud suffisamment pertinentes ou intéressantes. Et les exigences de la CSSF empêchent les acteurs d’accéder à des offres internationales. « Pourtant les banquiers sont demandeurs, mais le marché luxembourgeois n’est pas suffisamment mature pour répondre à leurs besoins », précise Vincent Koller. « D’autre part, les acteurs attendent de la CSSF qu’elle fasse preuve d’une plus grande clarté quant aux possibilités de recourir à des infrastructures ou des services mutualisés dans le cloud.
 En l’absence de position suffisamment claire, ils préfèrent s’en tenir à un principe de précaution », précise Jean-François Gueldre.

Dans l’ensemble, l’étude révèle que les principaux freins à l’adoption du cloud restent des craintes liées à la perte de données et les risques en matière de data privacy. « Le cloud doit encore convaincre, même si le monde IT semble croire dans les opportunités qu’il présente », assure Jean-François Gueldre. Selon les experts de KPMG, il faut aussi que les acteurs luxembourgeois puissent profiter des possibilités offertes par le cloud pour
 ce qui n’implique pas de traitement
 de données, comme le recours à des ressources pour les missions de test et de développement.

Le Big Data est un autre défi identifié
 par les CIOs. La principale difficulté identifiée a trait aux talents disponibles. 39% des sondés déclarent peiner à trouver des compétences en la matière. Un autre indicateur intéressant de cette étude concerne la cybersécurité. « Face à une menace qui évolue fortement, les CIOs sont assez pessimistes quant aux risques encourus. Seulement 22% des répondantsà l’étude affirment être très confiants dans la protection qu’offrent leurs systèmes vis-à-vis d’une menace IT majeure, explique Geoffroy Gailly. Toutefois, si l’on en croit les résultats, le Luxembourg n’est pas un mauvais élève. 21% des acteurs luxembourgeois interrogés ont dû rapporter un incident majeur durant les deux années précédentes. La moyenne européenne se situe à 29%.»

Peu d’évolution salariale au Luxembourg

Si l’on considère les évolutions de carrière des CIOs au Luxembourg, seulement 7% ont changé d’employeur au cours de l’année dernière, alors que la moyenne européenne se situe 
à 15% (et 20% en Allemagne). On note aussi que seulement 17% des CIOs luxembourgeois ont pu bénéficier 
d’une augmentation de salaire durant la dernière année d’activité. En la matière, le Luxembourg est aussi en queue de peloton (la moyenne est de 34%).

« On peut s’en étonner, alors que l’on a tendance
 à penser que nous sommes dans un marché en pénurie, précise Vincent Koller. Après, peut-être que la place luxembourgeoise a plus besoin de techniciens et de développeurs que de managers. Mais ce serait négliger les nombreux défis de transformation à relever. » Enfin, il est intéressant de constater 
que les effectifs féminins dans le management IT sont nettement moins nombreux au Luxembourg que dans 
le reste du monde. En effet, selon les CIOs, les effectifs féminins présents 
au niveau du leadership s’élèvent à 5% au Luxembourg. Ce taux est de 8% en Europe et de 11% à l’échelle mondiale.

*Découvrez les détails de l’étude sur www.hnkpmgciosurvey.com ainsi que les services KPMG liés à cette étude sur http://www.kpmginfo.com/cioagenda/

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