TRANSFORMATION & ORGANISATION

À quoi ressemblera la ville de demain ?

Réchauffement climatique, croissance démographique, embouteillages et transports en commun saturés, évolution de nos modes de vie et de consommation… nos villes sont confrontées à de multiples enjeux qui impliquent, dès à présent, de les repenser. Alors, à quoi pourraient bien ressembler les cités de demain ?

November 16, 2020

Selon la Banque mondiale, plus de la moitié (56 %) des êtres humains, soit 4,2 milliards de personnes, vivent aujourd’hui en ville. En 2050, la proportion de citadins devrait atteindre près de 70 %. Les villes regrouperaient alors quelque 6 milliards d’habitants. « Les villes générant plus de 80 % du PIB mondial, l’urbanisation peut, si elle est maîtrisée, favoriser une croissance durable, en renforçant la productivité, en catalysant l’innovation et en faisant émerger de nouvelles idées », indique la Banque mondiale. Toutefois, un tel accroissement de la population urbaine n’est pas sans conséquence. Il implique en effet, par exemple, de disposer de suffisamment de logements en ville, de déployer des solutions de mobilité adéquates ou encore de développer les infrastructures nécessaires. L’étalement géographique des villes, inévitable si elles veulent pouvoir accueillir de plus en plus d’habitants, n’est pas non plus sans impact sur l’environnement, les ressources foncières et naturelles, la biodiversité. L’urbanisation croissante nécessite aussi de rendre les villes moins énergivores. Actuellement, elles consomment en effet près des deux tiers de l’énergie mondiale et sont responsables de plus de 70 % des émissions de gaz à effet de serre.

Dans ce contexte, l’urbanisme, la vision globale que l’on a de nos cités, doit se transformer. Penser, repenser les villes est un travail de longue haleine, mais qui nécessite d’être embrassé dès aujourd’hui si l’on veut pouvoir répondre aux enjeux actuels et futurs auxquels elles sont et seront confrontées. Voici les grandes tendances qui devraient animer nos villes dans le futur et leur permettre de rester attractives. Construire ces cités de demain ne pourra néanmoins se faire sans la volonté et la collaboration de tous : habitants, pouvoirs publics locaux et nationaux, investisseurs et acteurs du secteur privé.

Une ville durable

Alors que l’urgence climatique guette, la ville devra, avant tout, parvenir à réduire son impact environnemental. Une ambition qui peut se concrétiser à travers de multiples démarches : meilleure gestion et valorisation des déchets, utilisation optimale des ressources naturelles, intégration de l’économie circulaire, construction durable de bâtiments, développement et utilisation d’énergies renouvelables, favorisation de la mobilité douce…

La Mairie de Paris, notamment, s’est fixé pour objectif, à travers son Plan Climat Énergie, de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 75 % en 2050. Dans ce contexte, un projet d’anticipation, « Paris Smart City 2050 », a été imaginé par le cabinet d’ingénieurs Setec Bâtiment et l’architecte Vincent Callebaut. Ce dernier envisage, par exemple, de créer une capitale à énergie positive, en construisant des ponts comprenant des logements qui seraient alimentés en électricité grâce à des éoliennes et à des hydroliennes exploitant le courant de la Seine.

Une ville verte

Le confinement a prouvé la nécessité pour l’être humain de pouvoir vivre au contact de la nature. Durant cette période inédite, combien sont en effet les citadins à avoir rêvé, alors qu’ils étaient cloîtrés dans les quelques mètres carrés de leur appartement, d’un jardin, d’une terrasse ou, tout simplement, d’un simple balcon pour pouvoir prendre l’air ? Pour être plus durable, mais également pour offrir à chacun une qualité de vie décente, la ville de demain devra aussi, inévitablement, être plus verte.

Les études scientifiques démontrent de plus en plus que le contact avec la nature, de manière universelle, est essentiel à notre bonne santé. Initié dans les années 1960, le concept de biophilie, qui désigne l’amour fondamental des humains pour le vivant, est ainsi de plus en plus intégré dans la conception des bâtiments. Ils sont alors pensés pour intégrer des éléments naturels et pour offrir une vue sur la nature extérieure.

Parvenir à proposer un espace vert privatisé dans chaque logement urbain ne semble pas si évident. On peut néanmoins imaginer davantage d’espaces verts communs dans les immeubles, des murs végétalisés ou encore des toitures offrant un coin de verdure. De la même manière, la nature, à travers des parcs, des couloirs verts et des plantations, devrait petit à petit reprendre ses droits dans la ville.

Une ville collaborative

L’étude menée par Jeremy Rifkin sur la Troisième Révolution Industrielle au Luxembourg le précise : demain, l’économie de partage, plus horizontale, au sein de laquelle des biens et des services sont mutualisés et permettent une gestion plus efficiente des ressources, coexistera avec l’économie capitaliste que nous connaissons aujourd’hui.

Airbnb, Uber ou encore BlablaCar ont initié ce mouvement. La ville devra s’adapter à ces nouveaux modes de consommation, en proposant à ses habitants des services partagés : co-voiturage, co-working, habitat groupé, jardins partagés, etc.

La ville devra également se montrer plus participative et inclusive, en intégrant davantage ses citoyens dans ses prises de décision et l’organisation de ses services. Une manière, aussi, de (re)créer du lien social dans les cités.

Une ville smart

La ville de demain sera aussi plus intelligente. En s’appuyant sur les nouvelles technologies, dont l’Internet des Objets, les cités seront capables de récolter des millions de données – concernant la qualité de l’air, l’énergie utilisée, l’utilisation des transports, etc., – et de les connecter entre elles. 

Cette démarche pourrait permettre, entre autres, de mieux comprendre nos usages, de gérer efficacement les ressources naturelles et de maîtriser l’impact environnemental de la ville, d’optimiser ses infrastructures, d’améliorer les services urbains proposés aux citoyens et d’en réduire leur coût. Une ville smart doit ainsi rendre l’économie, la mobilité, l’environnement, l’habitat, l’administration ainsi que nos modes de vie plus « intelligents ».

Une ville nourricière

Enfin, nourrir les citadins de demain constituera un enjeu de taille. Afin d’assurer la sécurité alimentaire de leurs habitants, les villes devront donc être capables de produire, au moins en partie, ce qu’elles consomment. L’agriculture en ville, ou « urban farming », devrait donc se développer sur des espaces jusqu’à présent inutilisés, tels que les toitures et les façades des immeubles. 

Le Luxembourg s’est clairement engagé dans cette direction. Il est en effet le premier pays européen à s’être doté, l’an dernier, d’une stratégie nationale visant le développement de l’agriculture en ville, marquant ainsi son souhait de se diriger vers une société et une ville plus résilientes. Aujourd’hui, seuls 3 % des besoins en fruits et légumes des habitants luxembourgeois sont couverts par la production grand-ducale. Pourtant, le pays regroupe 146 hectares de surfaces de toitures inexploitées qui pourraient être adaptées au développement de l’urban farming et permettre d’augmenter la production locale.

L’agriculture en ville présente de nombreux avantages économiques. Elle ouvre en effet la voie au déploiement de nouvelles activités, à la production d’aliments de qualité ainsi qu’au développement de circuits courts. L’urban farming se montre aussi bénéfique pour l’environnement. Il contribue à mieux réguler le climat dans la ville et à purifier l’air. Il prévient les risques d’inondation, renforce l’isolation thermique des bâtiments, participe à la préservation de la biodiversité, etc. Enfin, au niveau sociétal, l’agriculture en ville contribue à améliorer le bien-être des citoyens et peut permettre de créer de nouveaux lieux d’échange et de rencontre.

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