561 millions d’euros d’amende pour Microsoft

Bruxelles a frappé un grand coup, ou plutôt 561 millions […]

March 7, 2013

Bruxelles a frappé un grand coup, ou plutôt 561 millions de coups, dans sa bataille qui l’oppose depuis une dizaine d’années à Microsoft et une hégémonie considérée comme un abus de position dominante par les gardiens de la concurrence européenne.

Joaquin Almunia, vice-président de la Commission chargé de la concurrence, reproche à la firme de Redmond de ne pas avoir tenu ses engagements datant de décembre 2009. En effet, la bataille avait fait rage entre la CE et MS au sujet de la liberté de choix du browser sur les PC tournant MS Windows. Microsoft s’était engagée auprès des instances européennes à mettre un terme à la vente liée d’Internet Explorer et du système d’exploitation Windows.

Microsoft s’était ainsi engagée à proposer aux utilisateurs de la zone européenne un écran multichoix permettant de sélectionner facilement le navigateur web qu’ils souhaitent, et ce pendant cinq ans. Conformément à leurs dires, cet écran a bien été proposé dès mars 2010 aux utilisateurs européens de Windows, dont le navigateur par défaut était Internet Explorer. Cet écran a connu un assez grand succès, puisqu’en l’espace de neuf mois, 84 millions de navigateurs ont été téléchargés à partir de cet écran. Malheureusement, suite à une mise à jour, cet écran multichoix n’a plus été intégré au Service Pack 1 de Windows entre mai 2011 et juillet 2012. La commission ayant détecté ce qu’elle considère alors comme un non-respect des engagements a ouvert une enquête qui a abouti à cette sanction de 561 millions d’euros..

Joaquín Almunia, vice-président de la Commission chargée de la concurrence, a déclaré : « En 2009, nous avions clôturé, en acceptant les engagements proposés par Microsoft, une enquête fondée sur des soupçons d’abus de position de dominante en raison de la vente liée d’Internet Explorer avec Windows. Les engagements juridiquement contraignants contenus dans nos décisions jouent un rôle très important dans notre politique d’application des règles Antitrust, car elles permettent de trouver des solutions rapides aux problèmes de concurrence. Évidemment, les décisions de ce type doivent être rigoureusement respectées. Leur non-respect constitue une infraction très grave qui doit être sanctionnée en conséquence. »

Un utilisateur naïf ?

Cette décision peut tomber facilement dans la démagogie, en félicitant l’UE pour sa fermeté face à un géant américain centrer sur une course aux résultats. Mais en y réfléchissant de plus près, n’est-ce pas de l’ordre de la logique de retrouver les outils et navigateurs propres à un éditeur dans son système d’exploitation ? De plus l’utilisateur est tout à fait libre d’utiliser le navigateur de son choix, le système d’exploitation Windows supportant quasiment tous les navigateurs se trouvant sur la toile. D’autant plus que nous sommes à une époque ou l’utilisateur n’est plus naïf et passif face à la machine. Au contraire, l’utilisateur est devenu un « pro-ams » dans une société de pronétaire, ce qui lui permet de jongler au mieux avec les divers outils proposés par divers éditeurs, allant même jusqu’à fusionner deux systèmes d’exploitation différents sur une même machine. Donc la question qui se pose est : l’utilisateur a-t-il vraiment été mis en danger, ou du moins dans la confusion, par Microsoft et sa supposée concurrence déloyale ? Car pour rappel, le rôle premier de la Commission est de protéger le consommateur européen ainsi que la bonne marche du marché.

Du coté de la concurrence justement, qu’en est-il d’iOS d’Apple et Safari et de Google et Android sur les smart devices? Ne sont-ils pas dans la même situation que la firme de Redmond ? Google serait déjà dans le viseur de la commission et la firme de Cupertino pourrait bien suivre. Les pro-Microsoft auront sans doute une autre analyse de la sanction de la commission, voyant la une opportunité pour l’instance de l’Union de récolter de l’argent alors qu’elle se trouve dans un contexte économique morose.

Pour rappel, les montants des sanctions  de l’Union européenne peuvent se monter jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires total réalisé par l’entreprise au cours de l’exercice précédent. Depuis une dizaine d’années, la bataille entre l’UE et Microsoft a déjà coûté au géant américain 1,6 milliard d’euros en sanction financière.

Watch video

In the same category